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A GUERRA SECRETA NA ALEMANHA – A TRADUCÃO DOS ANTECEDENTES DA OTAN LEVANDO A MORTE DE CHE GUEVARA – EM PORTUGUÊS – SEGUE BEM ABAIXO DEPOIS DO FRANCÊS.

ARTIGOS POLITICOS

1. « Quand le juge Felice Casson a dévoilé le Gladio… »
2. « Quand le Gladio fut découvert dans les États européens… »
3. « Gladio : Pourquoi l’OTAN, la CIA et le MI6 continuent de nier »
4. « Les égouts de Sa Majesté »
5. « La guerre secrète, activité centrale de la politique étrangère de Washington »
6. « La guerre secrète en Italie »
7. « La guerre secrète en France »
8. « La guerre secrète en Espagne »
9. « La guerre secrète au Portugal »
10. « La guerre secrète en Belgique »
11. « La guerre secrète aux Pays-Bas »
12. « La guerre secrète au Luxembourg »
13. « La guerre secrète au Danemark »
14. « La guerre secrète en Norvège »

CHE GUEVARA

HASTA SIEMPRE COMMANDANTE CHE GUEVARA

Ernesto Che Guevara, nasceu em 14 de junho de 1928 em Rosário, na Argentina e morreu em 9 de outubro de 1967, em La Higuera, Bolívia. Che Guevara, marxista revoluionário, médico, escritor, entre muitas outras coisas.

Klaus Barbie (1913-1991). Depois de ter desempenhado um papel importante no assalto ao gueto de Amesterdão, torna-se chefe da Gestapo em Lyon, onde luta contra a resistência e consegue prender e torturar Jean Moulin. Depois da guerra, ele é procurado pelas Nações Unidas, mas é secretamente alistado pela CIA para criar o Gladio Alemão. Interrogado na Alemanha, foi transferido para a Bolívia em 1951. Ele rapidamente se torna o chefe dos serviços de inteligência bolivianos e o homem forte do país, onde prende e executa Che Guevara.

[KLAUS BARBIE, CONHECIDO COMO O AÇOUGUEIRO DE LYON – GESTAPO]

[OBS! KLAUS BARBIEGESTAPO IN LYON – WW II – WALKS IN BOLIVIA 1951 QUICKLY BECOMING THE HEAD OF THE BOLIVIAN INTELLIGENCE SERVICES AND THE STRONGMAN OF THE COUNTRY – WHERE HE ARRESTS AND EXECUTES CHE GUEVARA, IN BOLIVIA 1967.]

A GUERRA SECRETA NA ALEMANHA – A TRADUCÃO DOS ANTECEDENTES LEVANDO A MORTE DE CHE GUEVARA – EM PORTUGUÊS – SEGUE BEM ABAIXO DEPOIS DO FRANCÊS.

ARTIGOS POLITICOS

A GUERRA SECRETA NA ALEMANHA – A TRADUCÃO DOS ANTECEDENTES LEVANDO A MORTE DE CHE GUEVARA – EM PORTUGUÊS – SEGUE BEM ABAIXO DEPOIS DO FRANCÊS.

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1. « Quand le juge Felice Casson a dévoilé le Gladio… »
2. « Quand le Gladio fut découvert dans les États européens… »
3. « Gladio : Pourquoi l’OTAN, la CIA et le MI6 continuent de nier »
4. « Les égouts de Sa Majesté »
5. « La guerre secrète, activité centrale de la politique étrangère de Washington »
6. « La guerre secrète en Italie »
7. « La guerre secrète en France »
8. « La guerre secrète en Espagne »
9. « La guerre secrète au Portugal »
10. « La guerre secrète en Belgique »
11. « La guerre secrète aux Pays-Bas »
12. « La guerre secrète au Luxembourg »
13. « La guerre secrète au Danemark »
14. « La guerre secrète en Norvège »

Par Dr. Daniele Ganser

LA GUERRE SECRÈTE EN ALLAMAGNE

La guerre secrète en Allemagne

Par Dr. Daniele Ganser

Mondialisation.ca, 14 août 2013

Réseau Voltaire 9 août 2013

[KLAUS BARBIE, Conhecido como “o açougueiro de Lion – GESTAPO]

KLAUS BARBIE

Klaus Barbie (1913-1991). Après avoir joué un rôle important dans l’assaut du ghetto d’Amsterdam, il devient chef de la Gestapo à Lyon où il lutte contre la Résistance et parvient à arrêter et torturer Jean Moulin. Après la guerre, il est recherché par les Nations Unies, mais est secrètement enrôlé par la CIA pour créer le Gladio allemand. Mis en cause en Allemagne, il est transféré en Bolivie, en 1951. Il devient rapidement le chef des services de renseignement boliviens et l’homme fort du pays, où il arrête et exécute Che Guevara. Cependant, après un changement de régime, il est expulsé à son insu vers la France où il est jugé et condamné à la prison à perpétuité. Il meurt en prison d’un cancer.

Si l’existence du Gladio allemand avant l’adhésion de la RFA à l’Otan est parfaitement documentée grâce au travail du Premier ministre de Hesse de l’époque, August Zinn, son action après 1955 a fait l’objet de vastes mensonges d’État. Malgré la découverte, ici ou là, de caches d’armes, jamais la police fédérale ne mena d’enquête sérieuse et toujours le gouvernement fédéral protégea son secret.

Cet article fait partie de la série :
1. « Quand le juge Felice Casson a dévoilé le Gladio… »
2. « Quand le Gladio fut découvert dans les États européens… »
3. « Gladio : Pourquoi l’OTAN, la CIA et le MI6 continuent de nier »
4. « Les égouts de Sa Majesté »
5. « La guerre secrète, activité centrale de la politique étrangère de Washington »
6. « La guerre secrète en Italie »
7. « La guerre secrète en France »
8. « La guerre secrète en Espagne »
9. « La guerre secrète au Portugal »
10. « La guerre secrète en Belgique »
11. « La guerre secrète aux Pays-Bas »
12. « La guerre secrète au Luxembourg »
13. « La guerre secrète au Danemark »
14. « La guerre secrète en Norvège »

Le 27 février 1933, vers 21 h, un incendie commença à ravager le Reichstag, le Parlement allemand, à Berlin. Bien que les pompiers soient parvenus à sauver une partie du bâtiment, le Parlement et la démocratie allemande succombèrent à cet attentat pernicieux. Adolf Hitler du parti national-socialiste (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, NSDAP, communément abrégé en « nazi »), nommé au poste de chancelier à peine un mois plus tôt, incrimina immédiatement le parti communiste allemand (Kommunistische Partei Deutschlands, KPD). Le lendemain matin, avec le ministre de l’Intérieur Wilhelm Frick et le ministre en charge des Forces de police Hermann Göring, tous deux du NSDAP, le chancelier Hitler ordonna sans attendre l’arrestation de quelque 4 000 opposants politiques et journalistes critiques à l’égard du régime, dont beaucoup étaient membres du KPD ou du SPD, le parti social-démocrate.

Un mois après le mystérieux incendie, la mise au ban des communistes et l’arrestation d’un grand nombre de socialistes, le Parlement allemand adopta à la majorité, et en dépit des protestations des quelques rares socialistes restants, une nouvelle loi cruciale (Gesetz zur Behebung der Not von Volk und Reich) qui abolissait de fait le Parlement et transférait l’intégralité des pouvoirs à l’exécutif dirigé par Hitler. Le même mois, les premiers camps de concentration furent aménagés en Allemagne et, dès avril 1933, ils reçurent plus de 25 000 opposants politiques arrêtés par les forces spéciales de Hitler, les Schutzstaffel ou SS, et la police secrète du régime, la Gestapo. Marinus van der Lubbe, un communiste qui avait été arrêté sur place la nuit de l’incendie, fut jugé, condamné à mort et exécuté. Avant même que ne débute le procès de van der Lubbe, une enquête menée par les Britanniques avait conclu que les militants du NSDAP avaient eux-mêmes provoqué le mystérieux incendie afin de prendre le contrôle total de l’appareil d’État. Début 1933, Hitler et ses nombreux partisans transformèrent ainsi l’Allemagne en une dictature dirigée par le Führer et son parti nazi. Six ans plus tard, il déclarait la Seconde Guerre mondiale qui provoqua une dévastation sans précédent et la mort de 60 millions de personnes ; ce furent les heures les plus sombres de l’histoire humaine. Quand l’Armée rouge prit finalement Berlin et hissa le drapeau de l’URSS sur le fronton du Reichstag, Hitler, vaincu, se suicida. C’était le 30 avril 1945, à Berlin. [1]

« La mise en place des organisations stay-behind dans les pays de l’OTAN débuta dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale », confirma le rapport officiel du gouvernement allemand en 1990. [2] Après la défaite de l’Allemagne en 1945, le chaos de l’après-guerre réunissait, aux yeux des États-uniens, les conditions idéales pour la création d’un réseau stay-behind. En tant que force d’occupation, les troupes US partageaient le contrôle du territoire avec les armées française, britannique et russe. La priorité était de rassembler un grand nombre d’éléments viscéralement anticommunistes formés aux opérations de guérilla et au maniement des armes et des explosifs, c’est pourquoi, dans le plus grand secret, les États-uniens recrutèrent d’anciens nazis au sein du réseau stay-behind allemand. Au moment du scandale déclenché par Andreotti en 1990, la chaîne de télévision privée RTL choqua l’opinion publique allemande en révélant dans un reportage consacré à Gladio que d’anciens membres de la très redoutée Waffen-SS de Hitler, qui avaient exterminé les communistes sous le IIIe Reich, avaient fait partie de l’organisation stay-behind allemande.

Un document de l’état-major US intitulé Overall Strategic Concepts (concepts stratégiques généraux) et daté du 28 mars 1949 soulignait que l’Allemagne « disposait d’un excellent potentiel d’hommes entraînés pour constituer les unités clandestines et les réserves de l’armée secrète [unités stay-behind]. Une résistance efficace peut et doit être organisée. » [3] Sur ordre du Pentagone, le Counter Intelligence Corps (CIC) nouvellement créé fut donc chargé de débusquer les anciens nazis afin de les traduire en justice à Nuremberg alors que, dans le même temps, il recrutait des partisans de l’extrême droite dans les rangs de l’armée secrète anticommuniste. Cette pratique ne fut révélée qu’en 1986 quand le ministère US de la Justice donna une conférence de presse, peut-être la plus importante depuis le scandale du Watergate, au cours de laquelle il admit que le CIC avait recruté un haut dignitaire nazi dans l’immédiat après-guerre. Une étude longue de 600 pages et compilée par Allan Ryan pour le compte du ministère de la Justice confirmait que l’officier SS et responsable de la Gestapo Klaus Barbie avait bien été recruté en 1947 par le CIC qui l’avait ensuite aidé à échapper aux poursuites pour crimes de guerre avant d’organiser sa fuite d’Europe vers l’Argentine en 1951, via un réseau clandestin.

Ce ne sont pas ses qualités morales qui valurent à Barbie d’être sauvé par les agents des services secrets US mais plutôt ses compétences et son utilité potentielle dans la création du réseaustay-behind allemand. La presse britannique rapporta en 1990 que : « Parmi ceux qui furent recrutés et recrutèrent à leur tour au cours des premières années du programme figurait un ancien Obersturmführer de la SS, Hans Otto, ainsi que d’autres personnages de moindre envergure. Mais la plus belle prise de cette opération fut Klaus Barbie qui travailla au recrutement d’anciens nazis et de membres de l’organisation fasciste Bund Deutscher Jugend (BDJ). » [4] En 1943 et 1944, l’homme avait ordonné l’exécution d’au moins 4 000 personnes, résistants et juifs, ainsi que la déportation de 15 000 autres vers les camps de concentration et d’extermination, ce qui lui avait valu le surnom de « Boucher de Lyon ». Peu après la fin de la guerre, Barbie fut reconnu coupable de crimes contre l’humanité et condamné à mort par contumace par un tribunal français à l’issue d’un procès au cours duquel des témoins le décrivirent comme un tortionnaire sadique qui terrifiait hommes, femmes et enfants avec sa cravache et son berger allemand. [5]JPEG - 23.4 ko

Reinhard Gehlen (1902-1979). Chef du service de renseignement nazi de l’Est et général de brigade de la Reichswehr, il anticipe la fin de la Seconde Guerre mondiale en se rapprochant des comploteurs anti-hitlériens. À la Libération, il se fait connaître des autorités US et leur remet des micro-films de ses archives. Il créée, pour le compte de la CIA, le nouveau service de renseignement de RFA, le BND, dont il devient le chef. A ce titre, il protège le Gladio allemand et recrute des dizaines de milliers d’ex-agents nazis pour des opérations de sabotage en Union soviétique. Il fournit à la CIA l’essentiel de ses informations sur le Bloc de l’Est, souvent exagérées. Il démissionne, en 1963, lorsqu’on découvre que son organisation est infiltrée au plus haut niveau par les soviétiques.

Lors de la conférence de presse de 1986, le ministère US de la Justice ne fit pas état du rôle joué par Klaus Barbie dans la création du réseau stay-behind et prétendit que, outre celui-ci, « il n’existait aucune trace d’un cas similaire où un nazi suspecté de crimes de guerre aurait été exfiltré ou d’ailleurs toute autre personne recherchée par le gouvernement des États-Unis ou celui d’un de leurs alliés ». [6] Cette déclaration est en réalité mensongère : le plus important personnage recruté par le CIC n’était pas le Boucher de Lyon mais le général Reinhard Gehlen. Celui-ci avait débuté sa carrière dans les services secrets sous le IIIe Reich en prenant en 1942 la tête du Fremde Heere Ost (FHO, les troupes étrangères de l’Est) avec pour mission de combattre les forces soviétiques. « Gehlen obtenait la plupart de ses renseignements en se livrant aux pires exactions de la guerre : la torture, l’interrogatoire et en faisant périr d’inanition quelque 4 millions de prisonniers soviétiques », découvrit l’historien états-unien Christopher Simpson en enquêtant sur le recrutement de nazis par son pays. [7] Gehlen avait parfaitement conscience que ses crimes de guerre lui avaient valu de figurer sur la liste noire du NKVD, les services spéciaux de Moscou. Quand il comprit que l’Allemagne était en train de perdre la guerre, il préféra échapper aux représailles des Russes en se livrant au CIC états-unien le 20 mai 1945.

Gehlen avait justement deviné que les informations arrachées sous la torture aux prisonniers communistes et soviétiques intéresseraient vivement les États-Unis. Avec l’aide de quelques hauts responsables nazis, il avait donc minutieusement transféré sur microfilms les registres du FHO relatifs à l’URSS et avait placé les films dans des cylindres en acier étanche qu’il avait ensuite enterrés dans les Alpes autrichiennes. Après quelques semaines de détention passées entre les mains du CIC, il contacta le général US Edwin Luther Siber à qui il révéla son secret. Siber fut si impressionné qu’il prit en charge la carrière de Gehlen dans les années qui suivirent. Il le présenta aux plus hauts responsables du renseignement US, dont le général Walter Bedell Smith, qui était alors à la tête des services secrets militaires US en Europe et qui dirigea la CIA entre 1950 et 1953. Siber présenta également Gehlen au général William Donovan, le patron de l’Office of Strategic Services, le service secret compétent en cas de guerre, ainsi qu’à ses agents Allen Dulles, futur directeur de la CIA, et Frank Wisner, futur chef de l’OPC, le Bureau de Coordination Politique de l’Agence qui fut en charge de l’établissement du réseau stay-behind en Europe. [8]

Avec l’aide de Gehlen, les États-uniens parvinrent à retrouver les microfilms enterrés en Autriche et, en août 1945, Siber envoya Gehlen et ses registres à Washington en vue d’un débriefing. Le Président Truman fut lui aussi très impressionné, à tel point qu’il nomma Gehlen et bon nombre des collaborateurs de celui-ci à la tête du premier service de renseignement allemand de l’après-guerre baptisé Organisation Gehlen (ORG). « Au bout du compte », conclut Simpson, « Gehlen et plusieurs centaines d’officiers supérieurs allemands parvinrent à s’entendre avec les Britanniques ou les Américains (…) Le général Gehlen s’imposa toutefois comme le plus important d’entre eux. » [9] Avec le soutien financier et matériel des États-Unis, le quartier général de l’ORG fut d’abord implanté à Oberursel, non loin de Francfort, avant de déménager à Pullach, près de Munich, dans un ancien centre d’entraînement de la Waffen-SS qui abrite encore aujourd’hui le Bundesnachrichtendienst (BND), l’actuel service de renseignement allemand. Dans le cadre d’accords de coopération secrets conclus entre la CIA et l’ORG, l’agent James Critchfield fut envoyé en Allemagne. Surnommé « Herr Marschall » par les Allemands, Critchfield supervisa le travail des services de Gehlen en veillant en permanence à ce que les noms des 150 principaux agents de l’organisation lui soient communiqués. Pour chacun d’entre eux, la CIA constituait un dossier, de manière à ce que le service de renseignement allemand demeure sous contrôle états-unien.

Erhard Dabringhaus, qui collabora avec le CIC en Allemagne en 1948 et 1949, témoigna dans un documentaire consacré à Gladio avoir lui-même participé au recrutement d’anciens nazis, quoiqu’il désapprouvât fortement cette pratique. « En 1948, j’étais un agent spécial du CIC, notre service de contre-espionnage dans l’Allemagne occupée », expliquait Dabringhaus. « J’étais stationné à Augsberg et étant donné que je parlais couramment la langue, on m’a confié la direction d’un réseau d’informateurs allemands dont faisait partie Klaus Barbie et Klaus Barbie était, euh … j’ai découvert plus tard qu’il était recherché pour meurtre par les Français et j’en ai fait part à mes supérieurs qui m’ont répondu de ne pas faire de vagues : “il nous est toujours utile pour l’instant. Dès qu’on n’aura plus rien à en tirer, on le livrera aux Français.” Je pensais que je mériterais une promotion pour leur avoir parlé de Barbie et ils m’ont simplement dit de la boucler ! » [10]JPEG - 13.5 ko

Gunther Bernau

L’ancien agent du CIC Dabringhaus, qui vit aujourd’hui en Floride, expliquait ensuite comment d’anciens nazis avaient aménagé des caches d’armes stay-behind sur ordre des États-uniens. « Le colonel Gunther Bernau était un agent, un informateur qui travaillait pour le renseignement militaire à Stuttgart. Nous [le CIC] lui avions fourni un logement, une planque à Ludwigsburg où nous nous rencontrions trois fois par semaine pour qu’il me transmette des informations sur les communistes. Il nous apprenait tout ce que nous voulions savoir. » Le but des États-Unis était de combattre le communisme quel qu’en soit le prix, rappelle Dabringhaus, bien que lui-même ne fût pas véritablement impressionné par Bernau : « Il était certainement très influent du temps du nazisme. Un jour, je me suis assis dans son bureau et j’ai feuilleté un album de photos datant de la guerre. L’une d’elles était un magnifique portrait d’Adolf Hitler. Il recevait la visite de plusieurs anciens officiers supérieurs de la Waffen-SS dans sa maison de Ludwigsburg et il me disait que s’il avait un jour besoin d’aide, il pourrait d’un simple coup de téléphone contacter 200 anciens responsables SS de Hambourg à Munich. »

Selon les dires de Dabringhaus, Bernau était très impliqué dans la création de l’armée secrète allemande : « Je me souviens qu’il m’a un jour emmené à un endroit précis où nous avons creusé et découvert des fusils, des armes de poing, des grenades, tous soigneusement emballés et il m’a dit : “on en a des milliers comme ça dans tout le pays.” Cela m’a quelque peu inquiété, j’en ai donc rendu compte à mes supérieurs qui m’ont répondu : “Nous sommes au courant. Ils travaillent tous pour nous, pour le cas où les communistes traverseraient le Rideau de Fer.” » Les hauts responsables US, fidèles à leur principe de confidentialité maximum, n’informaient pas l’agent du CIC Dabringhaus des détails de l’armée stay-behind, mais celui-ci en avait appris assez pour comprendre qu’il s’agissait d’un projet top-secret impliquant un grand nombre de nazis : « Un ancien général, un général SS, Paul Hauser, rendait régulièrement visite à Bernau. Les deux hommes travaillaient ensemble à certains projets dont nous ne savions absolument rien et l’on ne me demandait même pas de tenter d’en savoir plus. J’imagine que quelqu’un dans ma hiérarchie dirigeait déjà l’ensemble des opérations. [11] »

Quand éclata le scandale Gladio en 1990, un ancien responsable du renseignement à l’OTAN expliqua sous couvert de l’anonymat qu’en vue de bâtir l’armée secrète allemande, le département des opérations spéciales de la CIA dirigé par Frank Wisner avait littéralement « annexé le service d’espionnage de Hitler commandé par Reinhard Gehlen. On le sait avec certitude car Gehlen a été le père spirituel du réseau stay-behind d’Allemagne, son rôle était parfaitement connu du chancelier Konrad Adenauer et ce, dès l’origine. » Toujours selon la source anonyme de l’OTAN, le président Truman et le chancelier Adenauer avaient « signé un protocole secret au moment de l’adhésion de la RFA à l’Alliance atlantique en mai 1955, protocole selon lequel les autorités ouest-allemandes s’abstiendraient de toutes poursuites judiciaires à l’encontre des partisans de l’extrême droite reconnus. Ce que l’on sait moins c’est que d’autres personnalités politiques allemandes de premier plan furent également informées de l’existence de ces plans de résistance. L’une d’entre elles n’était autre que le ministre des Affaires étrangères allemand de l’époque, l’ancien dignitaire nazi Hans Globke. » [12]

En 1952, fut découvert en Allemagne l’un de ces réseaux bâtis par les États-uniens et constitués en grande partie de nazis, le « Bund Deutscher Jugend » (BDJ) et sa branche stay-behind, le « Technischer Dienst » (TD). Klaus Barbie avait activement contribué à la création du stay-behind BDJ-TD. [13] Mais le secret fut rapidement divulgué. Dans son édition du 10 octobre 1952, sous le titre ambigu « Des saboteurs allemands trahissent la confiance des Américains. Ouverture d’une vaste enquête suite aux confirmations de financement de l’entraînement de guérilleros », le New York Times rapporta que « des sources bien informées ont confirmé hier que les USA finançaient et soutenaient l’entraînement clandestin de jeunes allemands, dont bon nombre d’anciens soldats, afin de les former aux opérations de guérilla dans l’éventualité d’une guerre contre l’URSS. » Le quotidien US poursuivait : « Les révélations faites hier au Parlement régional de Hesse et les gros titres qu’affichent les journaux allemands d’aujourd’hui ont provoqué un embarras considérable au département d’État et au Pentagone  », avant tout parce qu’« il a été découvert que les groupes censés mener ces opérations de guérilla se sont engagés dans des combats politiques. Leurs chefs (…) ont dressé des listes noires de citoyens à “liquider”, ceux dont on pourrait douter de la fiabilité dans une guerre contre les Russes. » « Plusieurs réunions ont été organisées entre représentants allemands et américains », parce que « des socialistes, dont certains membres du gouvernement, figuraient sur la liste aux côtés des communistes ».

Cette découverte précoce d’un pan du stay-behind allemand provoqua un vaste scandale des deux côtés de l’Atlantique. Aux USA, Newsweek annonça le 20 octobre 1952 que la CIA avait organisé un groupe de « stay-behind » en Allemagne. Le 29, l’hebdomadaire d’information Der Spiegel précisa à juste titre que de tels réseaux stay-behind existaient également dans de nombreux autres pays d’Europe de l’Ouest : « L’affaire du BDJ a causé une grande inquiétude dans les différentes antennes des services secrets US en Europe. En effet, le “Technischer Dienst” allemand n’est que l’une des branches d’un réseau de partisans soutenu par les États-Unis et qui s’étend sur toute l’Europe. » LeSpiegel précisait même : « Ce réseau est très implanté en France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Italie et dans la péninsule Ibérique. En France, l’organisation a été créée dès 1948 sous l’impulsion du [ministre de l’Intérieur] socialiste Jules Moch. »

Que se passa-t-il ? Comment le secret fut-il percé à jour ? Le 9 septembre 1952, l’ancien officier SS Hans Otto se rendit de son plein gré au siège de la police criminelle de Francfort, dans le Land de Hesse, où il déclara, d’après les archives du gouvernement allemand, « appartenir à un groupe de résistance politique dont la mission était de mener des actes de sabotage et de faire sauter des ponts en cas d’invasion soviétique ». Selon Otto, que les activités terroristes ne réjouissaient guère, « une centaine de membres de l’organisation avaient reçu une formation idéologique, avaient appris à se servir d’armes de fabrication américaine, russe et allemande et avaient été formés aux tactiques militaires. La plupart de ces hommes étaient des anciens officiers de la Luftwaffe, de la Wehrmacht ou de la Waffen-SS. » On peut lire dans la retranscription de ces aveux : « Bien qu’officiellement il ne fût pas nécessaire d’afficher des opinions néo-fascistes, la plupart des membres s’inscrivaient dans cette tendance. Les moyens financiers de l’organisation avaient été fournis par un citoyen américain du nom de Sterling Garwood. » Otto révéla également que dans l’attente d’une invasion soviétique, l’armée secrète allemande se livrait à des actes de subversion sur le territoire national : « En matière de politique intérieure, la stratégie de l’organisation ciblait le KPD [le parti communiste allemand] et le SPD [le parti social-démocrate] ». [14]

L’« organisation » à laquelle Otto faisait référence était intégrée au réseau stay-behind allemand, mais elle ne représentait pas l’ensemble du réseau, même à cette époque. La branche avait pris le nom trompeur de BDJ, les initiales de l’Union de la Jeunesse Allemande, alors que la moyenne d’âge de ses membres avoisinait les 42 ans. Bien avant le témoignage d’Otto, le mouvement était déjà connu pour son anticommunisme radical. Mais ce que l’on ignorait jusqu’alors c’est que le BDJ avait servi de couverture au Technischer Dienst (TD, Service Technique), un réseau stay-behind paramilitaire top-secret constitué d’anciens nazis, financé par les États-Unis et équipé d’armes et d’explosifs. Selon les statistiques allemandes, le BDJ, qui s’étendait sur toute la RFA, aurait officiellement compté jusqu’à 17 000 membres, tandis que selon une enquête du gouvernement fédéral, les effectifs du TD n’auraient eux pas dépassé 2 000 individus. [15]

Le témoignage d’Otto en 1952 donna lieu à une vaste enquête policière. Celle-ci permit de localiser le centre d’entraînement du réseau stay-behind aux abords de Waldmichelbach, un petit village pittoresque au cœur de la forêt d’Odenwald, elle-même située dans le Land de Hesse. Ce centre n’était opérationnel que depuis juin 1951. Avant cette date, l’entraînement des Gladiateurs allemands avait lieu sur la base militaire US de Grafenwöhr, en Allemagne. [16] Surnommé « Wamiba » par ses habitués, le camp consistait surtout en une bâtisse, un champ de tir souterrain et un bunker construit à proximité, le tout situé à flanc de montagne, à l’abri des regards et à 500 mètres de la route la plus proche. Les villageois se souviennent « que les Américains s’y livraient régulièrement à des exercices de tir ou à quelque chose du genre ». [17]

Otto révéla aux autorités allemandes que les contacts entre le BDJ-TD et la CIA se faisaient la plupart du temps par l’intermédiaire du mystérieux M. Garwood. Cet homme, probablement un agent de la CIA, entraînait régulièrement les membres du TD dans la forêt d’Odenwald et insistait très souvent sur la nature top-secret du réseau stay-behind et sur le fait qu’il ne fallait sous aucun prétexte en parler à quiconque. Il semble que ces instructions aient été prises très au sérieux. En effet, lorsqu’un membre du TD d’un autre Land, la Bavière, fut soupçonné « d’avoir rempli un formulaire d’adhésion à une autre organisation de résistance », son élimination fut envisagée très sérieusement au sein du Technischer Dienst, raconta Otto non sans une certaine répulsion. [18] « Je n’ai pas le sentiment que ces méthodes posaient un quelconque problème à M. Garwood. » « Il nous apprenait par exemple à tuer sans laisser de trace, simplement en endormant la victime au chloroforme, en l’asseyant dans sa voiture et en réintroduisant les gaz d’échappement dans l’habitacle au moyen d’un tuyau. Il nous apprenait aussi comment user de violence lors d’interrogatoires, sans laisser de trace », Otto évoquait son initiation aux méthodes de torture : « Commencez par bander les yeux de la personne à interroger. Faites griller de la viande dans la pièce et appliquez un morceau de glace sur certaines parties du corps. Le contact de la glace, combiné à l’odeur de la viande lui donnera l’impression qu’elle est en train de se faire brûler au fer rouge. » [19]

Otto spécifia que Garwood fournissait les fonds et la plupart des équipements. Au total, ce sont près de 130 hommes, anciens nazis pour la plupart, qui passèrent par le centre de Wamiba pour y être formés aux méthodes d’interrogatoire, au maniement des armes et des explosifs, aux techniques d’embuscade et d’assassinat ainsi qu’aux procédés de communication radio. Otto aborda ensuite la question rarement débattue mais non moins essentielle de la capacité des combattants stay-behind à tenir leur poste en cas d’invasion soviétique. Du point de vue de la stratégie militaire, il est évident que les chances de survie à long terme d’un réseau stay-behind dans un contexte d’occupation, et a fortiori d’occupation soviétique, sont extrêmement minces. Les officiers nazis du TD qui avaient fait l’expérience de la guerre en avaient parfaitement conscience et Otto souligna que la plupart d’entre eux n’étaient pas enthousiastes à l’idée de rester derrière les lignes ennemies pour tenter de survivre à une occupation soviétique : « L’idée des Américains, c’était que tous les membres se laissent dépasser par les Soviétiques pour être utilisés ensuite comme des partisans. Mais Peters [le chef du TD] n’aurait jamais pu réaliser ce plan, parce qu’en cas d’invasion des Russes, tous les agents de l’organisation auraient cherché à tout prix à passer à l’Ouest. » [20]

Le 13 septembre 1952, soit deux jours après qu’Otto eût achevé son témoignage, la base stay-behind de Wamiba fut prise d’assaut et fermée par la police allemande. Les bureaux et domiciles des membres du TD furent également perquisitionnés et mis sous scellés pour les besoins de l’enquête. Les agents dustay-behind furent interpellés. Des armes, des explosifs et des munitions furent saisis en même temps que toute la documentation de l’organisation. L’un des dossiers s’avéra particulièrement intéressant. Les enquêteurs eurent la surprise d’y découvrir l’identité des personnes à assassiner le Jour-J : « La liste des proscriptions contient le nom des individus à éliminer. La liste est incomplète car elle est toujours en phase d’élaboration », le document précisait également l’identité de l’agent chargé de dresser cette liste pour le Land Hesse : Hans Breitkopf. [21] Otto Rietdorf, l’agent du TD qui avait suggéré l’expression « liste des proscriptions » expliqua : « J’ai trouvé le terme “proscriptions” dans la documentation russe dans laquelle il désigne des dispositions prises à l’encontre de l’Ouest. Dans l’acception russe, il s’agit de personnes dont il faut s’occuper. Ce que l’on entend par là en Russie ne me semble faire aucun doute. » Rietdorf ajouta que la CIA était informée de cette opération : « M. Garwood était parfaitement au courant de tout cela ». Hans Otto confirma lui aussi que ces « rapports et dossiers individuels avaient été communiqués aux Américains par le BDJ et le TD ». Les hommes qui collectaient ces informations pour Washington étaient apparemment un certain « Dr Walter » et une fois de plus M. Garwood. L’enquête officielle allemande sur cette armée secrète première version, conclut avec solennité et extrême précision : « Selon ce témoignage, l’usage de la violence contre des cibles intérieures était prévu en cas de Jour-J ». [22] Il ne fut pas établi si « J » désignait uniquement le jour de l’invasion ou s’il s’appliquait à d’autres occasions telles que des soulèvements populaires ou une victoire massive de la gauche aux élections.

La liste de proscriptions des Gladiateurs contenait un grand nombre de communistes allemands reconnus ainsi que des socialistes modérés, dont de nombreux responsables politiques en vue de l’époque comme Heinrich Zinnkann, ministre de l’Intérieur socialiste du Land de Hesse, Hans Jahn, président du syndicat allemand du rail, Emil Carlebach, reporter au Frankfurter Rundschau, et de nombreux autres. Le journaliste Leo Müller, spécialiste de Gladio, relate que suite à la découverte des listes de proscriptions, « la surprise fut telle que les premières réactions furent teintées de scepticisme ». [23] « Les leaders du TD et du BDJ avaient fait de la liquidation des hommes politiques allemands considérés comme “gauchistes” l’une de leurs priorités en cas d’offensive soviétique », conclut l’historien états-unien Christopher Simpson. « Pour le Technischer Dienst, les communistes allemands figuraient bien sûr en tête de la liste des hommes à abattre. Venaient ensuite les représentants les plus en vue du SPD ouest-allemand. Le TD avait prévu d’assassiner plus de 40 hauts responsables du parti social-démocrate, parmi lesquels Erich Ollenhauer, à la tête du parti depuis 1952. » Simpson découvrit que les États-Unis n’accordaient aucune confiance à la gauche allemande et par conséquent, ils entraînèrent les agents secrets du BDJ et les chargèrent « d’infiltrer le SPD et d’espionner les leaders du parti afin de pouvoir les éliminer plus rapidement le moment venu ». [24]

On le comprend aisément, le Land de Hesse ne put admettre que la Maison-Blanche ait ainsi entraîné et équipé dans le plus grand secret des néo-nazis allemands munis de listes d’hommes à abattre visant certains des citoyens les plus respectables du pays ; la capitale régionale Francfort fut donc le théâtre de débats particulièrement houleux. Les relations diplomatiques entre les USA et la RFA, déjà très délicates au lendemain de la guerre, se détériorèrent considérablement et les entretiens qui suivirent entre responsables états-uniens et allemands furent particulièrement tendus. Le chancelier Konrad Adenauer prétendit tout ignorer de l’affaire tandis que les États-uniens, de leur côté, tentaient de limiter les dégâts. Donnelly, l’ambassadeur des États-Unis à Bonn, expliqua que l’organisation avait été créée dans le contexte de la guerre de Corée, tout en ajoutant que le réseau devait de toute façon être dissous dans les mois à venir et ce, indépendamment du témoignage d’Otto. D’ailleurs, les versements avaient déjà été interrompus dès août 1952. Il s’agissait, bien entendu, d’une absurdité et les membres du TD s’empressèrent de témoigner qu’ils avaient bien reçu des financements jusqu’en septembre.

C’est un certain Paul Lüth, un haut responsable du BDJ-TD, intermédiaire entre celui-ci et la CIA, qui contrôlait les flux d’argent provenant des USA, comme l’a révélé l’enquête. [25] Lüth rencontrait régulièrement les États-uniens à qui il rendait des comptes et, quand il s’agissait de questions sensibles, il réalisait toujours quatre duplicata des rapports écrits qu’il remettait à la CIA. [26] Quand le stay-behind allemand fut découvert, Lüth fut caché par les États-uniens, il put ainsi échapper à la justice et disparut sans laisser de traces. Un ancien camarade d’école de Lüth, Erhard Peters, occupait lui aussi des fonctions de premier plan au sein de l’armée secrète. L’homme fut nommé à la tête du Technischer Dienst en raison de ses compétences en matière de communications radio et d’opérations de guérilla. Il appréciait qu’on appelle le réseau l’« Organisation Peters » et, afin d’asseoir son statut, il avait même acheté une Mercedes 170 V et un cabriolet BMW. Quand la couverture de son armée secrète fut percée, Peters ne put non plus être arrêté car il s’en était remis « à la protection des Américains », selon les termes du rapport d’enquête. Plus tard, Lüth reparut devant la police allemande après avoir « donné aux Américains sa parole d’honneur qu’il ne révèlerait rien ». D’après son propre témoignage, la Maison-blanche leur avait offert, à lui et à d’autres nazis compromis dans le scandale TD, la possibilité d’émigrer aux États-Unis, mais Lüth avait décliné la proposition. [27] Face aux policiers, Peters reconnut avoir brûlé de nombreux dossiers contenant des rapports sur les activités de TD destinés aux États-uniens.

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Georg August Zinn (1901-1976). Socialiste allemand, il fut l’un des pères de la Constitution de la RFA. Il présida le land de Hesse (1950-69) et le Bundesrat (1953-54 et 1964-65). En 1952, il révéla de manière précise l’existence du Gladio allemand et tenta de le faire interdire.

Pour les Allemands, le scandale lié au BDJ-TD ne fut pas uniquement régional, il devint une véritable affaire d’État. Mais si Francfort avait espéré un soutien de la capitale Bonn, elle ne tarda pas à déchanter. Après de longues conversations avec les États-uniens, les principaux responsables de la CDU et du gouvernement conservateur d’Adenauer tentèrent d’étouffer l’affaire et de freiner les investigations. Le 30 septembre 1952, la Cour Suprême de Karlsruhe prononça la relaxe de tous les membres du réseau TD qui avaient été interpellés sans consulter ni même informer la police de Francfort, ce qui provoqua un véritable tollé parmi la population. Les Gladiateurs furent donc libérés tandis que les deux procureurs qui avaient prononcé cette décision contestable, Schrübbers et Wagner, se voyaient offrir une promotion. Le Premier ministre du Land de Hesse August Zinn commenta avec colère : « La seule explication légale à cette libération est que l’on a peut-être jugé à Karlsruhe [à la Cour Suprême] qu’ils avaient agi sous la direction des Américains ». [28]

Zinn était si furieux qu’il décida de porter l’affaire devant le Parlement fédéral, en dépit des lourdes pressions exercées par les États-uniens pour l’en dissuader. C’est ainsi que le 8 octobre 1952 le grand public et la presse, en Allemagne et à l’étranger, apprirent pour la première fois l’existence d’armées stay-behindnazies financées par les USA. « M. le Président, Mesdames et Messieurs », déclara Zinn au Parlement, « après l’entretien que j’ai eu le 3 octobre dernier à Francfort avec le chancelier Adenauer et suite à la discussion que je viens d’avoir ce matin même dans mon bureau avec M. Reeber représentant le Haut-commissariat américain, je dois informer la chambre des faits suivants : le 9 septembre 1952, », le visage du président était particulièrement grave,« la police criminelle allemande a appris l’existence d’une organisation secrète créée en 1950-1951 par des chefs du BDJ et baptisée TD pour “Technischer Dienst” ». Zinn poursuivit devant un auditoire perplexe : « L’organisation était conçue comme un mouvement de résistance armée à but politique, constitué avec l’assentiment et la coopération du président du BDJ Paul Lüth. Gerhard Peters était le chef de cette organisation. » Pour la première fois, des hommes politiques découvraient l’existence d’une armée secrète stay-behind. Zinn les informa que : « Cette section TD du BDJ avait pour mission de constituer une armée de partisans qui, selon les plans initiaux, devait rester derrière les lignes ennemies en cas d’invasion soviétique afin de mener des actes de sabotage en territoire occupé, tels que le dynamitage de ponts ou l’attaque de camps ».

Après cette description sommaire des caractéristiques typiques d’un réseau stay-behind, Zinn évoqua le soutien apporté par les États-Unis et la dimension nationale de l’armée secrète : « D’après le témoignage d’une personne directement impliquée et le matériel qui a pu être saisi, l’organisation avait pour cibles, à l’intérieur de nos frontières, le KPD et surtout le SPD. La découverte de l’organisation a immédiatement donné lieu à des interpellations et à des saisies de documents le 18 septembre 1952 », annonça le Premier ministre Zinn. « Mais, le 1er octobre, la Cour Suprême a ordonné que les suspects soient relâchés sous le prétexte que l’armée secrète avait été bâtie sur ordre de plusieurs agences américaines ». Les minutes de la session parlementaire font ensuite état d’un brouhaha dans la salle et de cris lancés par les députés : « Écoutez ! Écoutez ! » ou « Incroyable ! ». Quand l’assistance fut calmée, Zinn poursuivit : « D’après le témoignage d’un haut responsable du TD, des assassinats avaient même été planifiés », sur quoi l’agitation reprit de plus belle, certains députés interpellant leurs collègues : « Écoutez ! Écoutez ! Et voilà que ça recommence ! » Zinn poursuivit : « Un centre d’entraînement a été implanté à Waldmichelbach, dans la forêt d’Odenwald (…) Les membres de l’organisation étaient pour la plupart d’anciens officiers de la Luftwaffe, de la Wehrmacht et de la SS ». L’agitation gagna une nouvelle fois les rangs du Parlement dont tous les membres avaient connu la seconde guerre mondiale. Ceux-ci criaient à présent : « Vous entendez ? Incroyable ! »

Zinn expliqua que les agents étaient âgés de 35 à 50 ans et que « l’organisation disposait d’un financement considérable, les documents saisis suggèrent que son budget mensuel avoisinait les 50 000 marks ». En entendant cela, un député s’écria : « D’où provenait l’argent ? » Zinn répondit que « l’argent parvenait apparemment au TD par des transferts frauduleux en provenance d’une agence américaine » et ajouta que « la même organisation était aussi chargée d’une mission intérieure (…) D’après le témoignage de l’un de ses dirigeants, elle devait procéder à l’élimination d’individus “suspects” quand arriverait le jour-J », ce qui provoqua de nouvelles réaction au sein de l’Assemblée où l’on entendit des voix s’exclamer « Des assassinats donc ! Incroyable ! » Parfaitement conscient du véritable choc que provoquaient ses révélations, Zinn poursuivit sur le même ton solennel : « À ce sujet, il faut signaler que 15 feuillets contenaient des noms de communistes alors qu’on a saisi pas moins de 80 pages concernant des personnalités de la social-démocratie (…) le ministre de l’Intérieur social-démocrate du Land de Hesse Heinrich Zinnkann était suspecté d’entretenir des liens avec les communistes », outre des critiques, cette dernière déclaration provoqua également des ricanements parmi les députés. « D’après certains témoignages, bon nombre de documents confidentiels ont été détruits, d’autres ont été saisis par un représentant des autorités américaines et sont donc à présent inaccessibles. L’argent et les armes étaient fournis par un Américain qui supervisait également l’entraînement », sur quoi une nouvelle vague de protestations s’empara de l’assemblée.

Mais Zinn n’était toujours pas au bout de ses déclarations : « Ce qu’il est important de réaliser c’est qu’à l’étranger, des organisations clandestines semblables ont servi de base à des activités illégales perpétrées sur le territoire national, c’est une expérience que nous avons déjà vécue, il y a 30 ans dans ce pays et il semble que cette organisation s’inscrive dans ce modèle ». Cette dénonciation sans réserve suscita l’approbation des parlementaires, lesquels s’écrièrent : « C’est juste ! Exact ! » Zinn poursuivit : « Ce matin même, M. Reeber, représentant les USA, est convenu avec moi que ce type d’organisations constituent le ferment de l’instauration de la terreur dans le pays, (…) il a exprimé ses plus sincères regrets et a fermement condamné l’existence d’un tel réseau (…) Il m’a assuré de sa plus entière coopération afin de faire toute la lumière sur cette affaire et d’en identifier toutes les ramifications pour éviter qu’un tel phénomène puisse se reproduire à l’avenir. » [29]

Bien entendu, le Gladio allemand ne fut pas démantelé pour autant, comme le prouvèrent les révélations de 1990. Les traces furent simplement maquillées dans la mesure du possible. En octobre 1952, l’ancien haut-commissaire US McCloy précisa bien que les États-Unis n’étaient pas en train de réarmer les nazis : « Durant toutes les années que j’ai passées en Allemagne, nos objectifs et nos efforts ont toujours visé à la consolidation des forces démocratiques et à la lutte contre les communistes mais aussi contre les néo et pro-nazis ». McCloy souligna qu’« Il est par conséquent inconcevable qu’un responsable américain ait pu soutenir des agissements tels que ceux décrits par le Premier ministre Zinn. Ceci doit être exprimé clairement, au nom de la vérité et de l’amitié. » [30] En dépit de ces belles paroles, le Parlement hessois chargea le ministre de l’Intérieur du Land d’enquêter en profondeur sur le phénomène ; en 1953, celui-ci livra ses conclusions sous la forme d’un imposant rapport de trois volumes. [31]

Quarante ans après les faits, l’ancien agent de la CIA Thomas Polgar, qui avait pris sa retraite en 1981 après 30 ans passés au service de l’Agence, se souvenait encore très bien de l’affaire du Gladio allemand. En effet, l’homme avait été stationné en Allemagne au début des années 1950 et, au début des années 1970, il y avait à nouveau été affecté afin de remplacer Ray Cline à la tête de l’antenne allemande de la CIA. « Le “Bund Deutscher Jugend” était une organisation politique de droite vaguement affiliée à l’un des partis du Land de Hesse, en Allemagne, et composée d’hommes motivés et fermement résolus à contribuer à la résistance clandestine en cas d’une occupation de tout ou partie du territoire de la RFA par l’Armée rouge », témoigna-t-il au cours des années 1990. « Quand l’affaire a éclaté, il y a eu un battage considérable et on a estimé que le général Truscott [de l’armée des États-Unis] devrait expliquer en personne aux éléments impliqués ce qui s’était passé, on a donc d’abord expliqué la situation au chancelier allemand Konrad Adenauer. » Comme on l’a déjà constaté, cela ne suffit pas à désamorcer la situation. « Nous avons ensuite parlé au général Matthew Ridgeway, qui était alors le commandant en chef des forces de l’OTAN et, finalement, au Premier ministre hessois Georg Zinn qui figurait lui-même sur la liste. Truscott lui a expliqué qu’il s’agissait d’une activité illégale mais après tout seulement d’un exercice sur papier dont il ignorait tout et qui ne devait en aucun cas être interprété comme le signe d’une remise en question de la confiance que nous accordions au Premier ministre Zinn. » [32]JPEG - 17.4 ko

Dieter von Glahn, ancien Gladiateur, il fonda un ordre templier.

Suite aux révélations de 1990, Dieter von Glahn apporta la confirmation que des cellules stay-behindn’existaient pas seulement en Hesse mais également dans d’autres Länder allemands. « Notre mission et notre organisation étaient identiques à ce que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Gladio », expliqua-t-il. [33] Personnage ambigu du milieu anticommuniste allemand, Glahn s’était évadé d’un camp de prisonniers soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. Après l’armistice, il avait rejoint l’armée secrète stay-behind en intégrant le BDJ-TD de Brême, dans le Nord de l’Allemagne. « À l’époque de la guerre de Corée », expliqua-t-il dans son autobiographie publiée en 1994, « les Américains étaient très inquiets à l’idée de voir la même situation se reproduire en Allemagne ». C’est pourquoi « ils décidèrent de recruter et de constituer une unité allemande fiable en vue du jour-J, le jour de l’invasion de l’Allemagne par l’Armée rouge. L’unité devait être formée avec de l’armement américain, disposer de ses propres caches d’armes et entrer dans la clandestinité en cas d’offensive. » Glahn rappela que « le BDJ n’était que la couverture, une sorte de vitrine légale de l’organisation anticommuniste. La branche clandestine Technischer Dienst, ou “Organisation Peters”, comme l’appelait parfois son directeur, constituait la véritable unité combattante » et était présente sur une grande partie du territoire national. « Le TD devint donc une composante essentielle de la défense anti-soviétique germano-américaine. Les Américains s’intéressaient avant tout aux anciens éléments de l’armée allemande », dont lui-même faisait justement partie. « Comme je ne faisais pas mystère de mes positions anticommunistes, je fus recruté. J’étais donc officiellement le responsable du BDJ pour la ville d’Oldenburg en Frise Orientale. Officieusement, je dirigeais le TD sur l’ensemble de la zone Oldenburg-Brême-Frise Orientale [au nord-ouest de l’Allemagne]. » [34]

C’est avec une certaine fierté que Glahn relate dans ses mémoires que le « FBI » allemand, le Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV), connaissait et couvrait les activités des réseaux stay-behind. « Je collaborais très étroitement avec Neubert du BfV ». Glahn évoque la lutte anticommuniste dans laquelle ils étaient tous deux engagés : « la nuit, nous sortions régulièrement pour coller des affiches, et recouvrir celles des communistes (…) nous dénoncions ainsi les liens qu’entretenaient certains hommes d’affaires avec les communistes. Cela donnait souvent lieu à des affrontements violents. » C’est à cette époque que « j’ai fondé de nombreuses sections du BDJ dans mon secteur », avec l’aide de la CIA qui entraînait les recrues au camp de Waldmichelbach et à la base états-uniens de Grafenwöhr. « J’ai moi-même participé à plusieurs reprises à ces entraînements. Les hommes qui portaient un uniforme américain de couleur brunâtre et n’étaient autorisés à s’appeler que par leur prénom, venaient des quatre coins de l’Allemagne mais ne devaient en aucun cas révéler l’endroit d’où ils étaient originaires. Pendant quatre semaines, nous étions alors totalement coupés du monde extérieur. » Les Gladiateurs suivaient « un entraînement intensif en vue du jour-J. À cette époque, les Américains aménageaient des caches d’armes sur l’ensemble du territoire de la RFA. Dans mon secteur, seuls mon adjoint et moi-même connaissions la localisation exacte de la cache d’armes (…) Elle était enterrée en profondeur dans une petite forêt. » [35]

Le réseau stay-behind allemand ne fut pas le seul à bénéficier de la protection de la puissante CIA : grâce à celle-ci, le service de renseignement ORG et son personnel parvinrent également à faire face aux découvertes de 1952 sans trop de frais. Le général Reinhard Gehlen resta en fonction et en 1956 l’« Organisation Gehlen » changea son nom pour celui de « Bundesnachrichtendienst » (BND). Lorsqu’on demanda au directeur de la CIA Allen Dulles s’il ne ressentait pas de honte à avoir ainsi collaboré avec le nazi Gehlen, il répondit : « J’ignore si c’est une crapule. Vous savez, il y a très peu de saints dans le monde de l’espionnage (…) D’ailleurs, on est pas là pour se faire des amis. » [36] Ce n’est d’ailleurs que lorsque le gouvernement fédéral du chancelier conservateur Kurt Georg Kiesinger et du vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères social-démocrate Willy Brandt commença à douter de son service secret BND que celui-ci fit pour la première fois l’objet d’une véritable enquête approfondie.

Le « Rapport Mercker » qui fut alors rédigé constituait « un document si accablant pour le BND, à tel point qu’il demeure aujourd’hui encore confidentiel », c’est du moins ce que rapporta la presse allemande en 1995. « Sa conclusion édifiante sur le BND : “une organisation corrompue” ». [37] Reinhard Gehlen, qui était directement visé par l’enquête gouvernementale, ne fut même pas autorisé à lire le rapport. À la lecture du document, les sociaux-démocrates, qui, pour la première fois depuis la guerre, venaient d’entrer au gouvernement en la personne de Willy Brandt, furent si embarrassés de la présence du nazi dans les hautes sphères de l’exécutif qu’ils renvoyèrent immédiatement Gehlen. Après plus de 20 ans passés à la tête du service de renseignement allemand, celui-ci fut renvoyé le jour de la fête du travail, le 1er mai 1968. Afin de ne pas froisser la Maison-Blanche, on lui choisit comme successeur Gerhard Wessel qui avait servi comme attaché militaire de la RFA à Washington après 1945 et qui entretenait d’excellentes relations avec la CIA et le commandement de la sécurité nationale US.

On ignore si le rapport Mercker classé confidentiel renfermait des informations sur les activités stay-behind de l’ORG et du BND ; c’est toutefois ce que semblent indiquer les preuves découvertes lors des investigations menées en 1990. D’après le rapport succinct produit par le gouvernement allemand sur le BND et son réseau stay-behind en décembre 1990, un cadre légal aurait été prévu pour les activités du réseau clandestin en décembre 1968, soit quelques mois seulement après la publication du rapport Mercker : « En décembre 1968, le chef de la chancellerie fédérale avait explicitement mentionné dans l’article 16 des “Directives générales pour le BND”, qu’il fallait entreprendre des préparatifs de défense ». Il semble que le gouvernement de l’époque ait décidé de poursuivre l’opérationstay-behind mais sur des bases légales cette fois : « La directive indique : “Le BND procède aux préparatifs et planifications nécessaires pour la défense, les questions générales étant convenues avec le chef de la chancellerie fédérale” ». [38] Le journaliste spécialiste du Gladio Leo Müller se demanda en 1990 : « Quelle logique antidémocratique sous-tendait encore les nouveaux stay-behind des services secrets allemands qui furent découverts en 1990 ? » [39]

Le départ de Gehlen et l’adoption de la nouvelle loi ont-ils affaibli la domination de la CIA sur les réseaux stay-behindallemands ? Cela reste à établir. L’ex-Gladiateur Glahn précise bien dans son livre que l’Agence états-unienne a gardé le contrôle jusqu’aux tout derniers instants : « J’écris délibérément “services secrets” au pluriel parce que nous avons plus tard fusionné avec l’Organisation Gehlen sur ordre des Américains ». Selon Glahn, bien que Gehlen fût l’homme clé du réseau stay-behind allemand, le commandement restait entre les mains des États-Unis : « Cette organisation avait pris le nom de son fondateur, le général Gehlen (…) Il avait établi un excellent quartier général du renseignement à Pullach, dans les environs de Munich (…) Le Technischer Dienst, ou TD, était liaison permanente avec les gens de l’Organisation Gehlen. En ce qui concerne le jour-J, la décision en matière militaire revenait cependant toujours aux Américains. » [40] Quand la couverture de l’armée secrète allemande vola en éclats en 1952, Gehlen et ses collègues se virent offrir l’asile aux États-Unis, afin qu’ils puissent échapper à la justice allemande. « On m’a proposé de m’enfuir aux USA, comme aux autres membres du TD qui étaient impliqués dans une enquête criminelle. J’en ai longuement discuté avec ma femme … mais j’ai finalement décidé que je ne voulais pas être un émigré. Ma place était ici en Allemagne. » [41]

En mai 1955, l’Allemagne adhéra à l’OTAN. Comme toutes les autres armées secrètes d’Europe, le réseau allemand fut intégré au programme de guerre non conventionnelle de l’Alliance atlantique. Le rapport officiel du gouvernement allemand sur lestay-behind écrit par Lutz Stavenhagen en 1990 confirma qu’« afin d’uniformiser leurs programmes avec le commandement militaire de l’OTAN, les services de renseignement qui prenaient part à l’opération établirent en 1952 le Coordinating and Planning Committee (Comité de Planification et de Coordination) ou CPC. Dans le but de coordonner leur coopération, ils créèrent en 1954 l’Allied Coordination Committee (Comité de Coordination Alliée) ou ACC. » Le gouvernement allemand confirma en outre que le « BND est un membre régulier du CPC et de l’ACC depuis 1959 ». Dans une tentative maladroite de limiter les dégâts, le rapport officiel prétendit cependant à tort que « les deux comités de coordination n’ont jamais fait ni ne font actuellement partie de la structure de l’OTAN », tandis que dans le même temps, l’enquête parlementaire belge révélait que l’ACC et le CPC avaient été mis en place par le SACEUR de l’OTAN, poste systématiquement occupé par un général US, et qu’ils étaient en liaison directe avec le SHAPE de l’OTAN. Le rapport officiel allemand tenta d’insister sur la souveraineté de l’armée secrète allemande et déclara : « que le BND ait fait partie de ces organes n’exclut en rien que le stay-behind n’ait jamais été intégré à l’OTAN et qu’il soit toujours demeuré l’instrument du BND. Il n’y a jamais eu et il n’existe aujourd’hui aucune relation de subordination des différents services de renseignement à l’ACC et au CPC. » [42]

« Il existait entre les différents services une coopération bilatérale mais également multilatérale, dont la coordination était assurée par l’ACC », décrivait le rapport officiel du gouvernement allemand à propos de la dimension internationale de l’armée secrète stay-behind. « Parmi ces partenaires figurent aux côtés de l’Allemagne de l’Ouest : la Belgique, le Danemark, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège et les États-Unis d’Amérique. » D’après le rapport, cette coopération incluait « entre autres choses des exercices conjoints, l’acquisition d’un équipement radio standardisé [les transmetteurs Harpoon], le partage d’expériences relatives aux entraînements, l’établissement d’une terminologie standardisée du renseignement ». [43] En raison de la présence parmi eux d’un grand nombre de partisans d’extrême droite, Stavenhagen préféra ne pas donner de chiffres précis quant au nombre de Gladiateurs ayant opéré en Allemagne pendant la Guerre froide : « À la fin des années 1950, l’organisation comptait environ 75 membres permanents », se contenta-t-il d’indiquer. « Le nombre des informateurs a parfois atteint 500. En 1983, le personnel stay-behind fut également formé à diriger des actes de sabotage contre l’envahisseur et à organiser et commander des groupes de résistants en territoire occupé. » [44]

D’après le rapport, le gouvernement allemand fut informé de l’existence de l’armée secrète « peu après 1974 (dans le cadre d’une présentation de stratégie d’ensemble des préparatifs de défense du BND). On peut toutefois supposer que des informations sur les fondements de l’opération stay-behind ont pu filtrer bien avant cette date. » En ce qui concerne le législatif, une commission du Parlement, tenue au respect de certains secrets, fut mise dans la confidence au cours des années 1980, lorsqu’il fallut accorder des crédits pour l’achat de nouveaux équipements de communication Harpoon : « À l’occasion de l’achat de nouveaux transmetteurs radio, la commission compétente (Vertrauensgremium) a été informée de leur utilisation par le stay-behind ». [45]Les transmetteurs radio Harpoon avaient été conçus et produits sur ordre de l’ACC, le centre de commandement stay-behind de l’OTAN, par la firme allemande AEG Telefunken, une filiale du groupe Daimler. Le service de renseignement BND avait servi d’intermédiaire et avait acheté les systèmes Harpoon au fabricant pour le compte de l’ACC qui ne devait pas apparaître dans la transaction. Le BND avait commandé un total de 854 transmetteurs pour un montant de 130 millions de marks. Il en conserva pour près de 20 millions et revendit le reste du stock aux autres armées stay-behindd’Europe de l’Ouest. Dernier cri de la technologie de l’époque, le système Harpoon pouvait envoyer et recevoir des messages radio cryptés jusqu’à une distance de 6 000 km, il pouvait donc assurer la liaison entre les différents stay-behind et entre les deux rives de l’Atlantique. [46]

Durant toute la Guerre froide, l’Allemagne fut divisée en deux États ; une guerre secrète se livra donc entre le BND ouest-allemand, soutenu par la CIA, et le MfS (Ministerium für Staatssicherheitsdient), plus communément appelé Stasi, laquelle dépendait du KGB soviétique. Les deux services multipliaient les missions d’espionnage et les tentatives d’infiltration de part et d’autres du Mur de Berlin. Ces opérations étaient d’autant plus aisées que les agents de la Stasi et du BND étaient tous allemands et partageaient de ce fait la même langue et la même culture. Suite à leurs expériences respectives, la CIA et le MI6 avaient surnommé le BND le « service des fuites ». [47] On put même lire dans Der Spiegel, le premier magazine d’information du pays : « Le KGB et la Stasi de Berlin-Est auraient facilement pu placer des taupes aux postes clés à Pullach [au quartier général du BND] et ainsi accéder à la liste complète de leurs agents (…) Le BND n’était qu’une vaste plaisanterie aux yeux de ses rivaux. » [48]JPEG - 26.1 ko

Jurij Iwanowitsch Drosdow, le général du KGB qui avait fait infiltrer le Gladio allemand, n’ignorait rien du réseau stay-behind.

On peut donc légitimement se demander dans quelle mesure la Stasi, et donc Moscou, étaient renseignés sur les secrets relatifs à l’opération stay-behind. Tout semble indiquer qu’ils en furent informés dès la fin des années 1970. Le plus célèbre cas avéré de fuite impliqua Heidrun Hofer, une secrétaire travaillant au Département IV du BND de Munich, le service chargé de la direction du réseau stay-behind. Son poste lui donnait accès aux documents les plus confidentiels de l’OTAN, et notamment ceux classés « cosmic ». Si on ignore toujours la nature exacte des données qu’elle transmit à la Stasi et au KGB, on sait toutefois qu’elle communiqua des informations relatives à un centre de commandement stay-behind top-secret situé sur la côte Atlantique et qui devait servir de base au gouvernement allemand en exil. Suite aux indiscrétions de Hofer, il fallut donc reconstruire ce centre dans un autre lieu, une opération dont le coût s’éleva à 100 millions de marks.

Hofer révéla ce secret à son insu. Fille d’un officier conservateur, elle avait été spécifiquement ciblée par le KGB qui avait envoyé un agent en Argentine, chargé d’entrer en contact avec le milieu des exilés nazis et de s’y tailler une bonne réputation. À son retour, il devait demander à Heidrun de l’épouser. Le père de la jeune fille, qui appréciait ce « Hans » pour ses idées d’extrême droite, y consentit. Après le mariage, « Hans » confia à Heidrun qu’il travaillait pour une organisation ultra-conservatrice et la surprit par son excellente connaissance du BND. Ravie à l’idée de participer à une conspiration, Heidrun accepta de tout révéler à Hans.

Il fallut du temps au service de contre-espionnage du BND pour découvrir l’existence de la taupe du KGB. En décembre 1976, des agents du BND tendirent une embuscade au domicile de la jeune femme qui travaillait alors pour le KGB depuis six ans sans même le savoir. Hans parvint à s’échapper par une porte dérobée, mais Heidrun fut arrêtée et accusée de haute trahison. C’est alors qu’elle apprit que son mari était un espion de Moscou. Le choc fut si violent pour cette femme aux tendances ultra-conservatrices qu’elle aurait tenté de se défenestrer, alors qu’elle était interrogée par le BND dans un bureau du sixième étage de leur siège à Munich. Elle s’en tira avec quelques séquelles et vécut dès lors d’une pension d’invalidité. L’enquête sur Hofer fut close en 1987, faute d’éléments nouveaux. [49] La seconde affaire d’espionnage à laquelle dut faire face le service impliquait cette fois un haut responsable puisqu’il s’agissait de Joachim Krase, le directeur adjoint du BND qui mourut en 1988. Krase était en réalité un agent double à la solde de la Stasi et avait, comme l’écrivit un journaliste britannique « tout révélé sur le stay-behind et l’Opération Gladio, levant un secret que les Russes connaissaient depuis l’origine ». [50]

Quand l’Allemagne fut réunifiée, après la chute du Mur de Berlin, la Stasi fut démantelée et le BND étendit ses activités. Certains documents, à présent déclassifiés, du service de renseignement est-allemand confirment que celui-ci était extrêmement bien renseigné sur l’opération stay-behind. Au cours de manœuvres effectuées par l’OTAN en 1979, des unités de la Stasi interceptèrent des signaux inconnus et détectèrent la présence d’un réseau parallèle. Au bout de quelques années d’enquête, elles parvinrent à casser le code utilisé par les agentsstay-behind du BND et à localiser plus de 50 sites répartis sur l’ensemble du territoire de l’Allemagne de l’Ouest, mais dont beaucoup étaient concentrés dans la zone frontalière de la RDA et de la Tchécoslovaquie.

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Le général Horst Männchen présentait à son gouvernement des rapports réguliers de la Stasi sur le Gladio allemand

En 1984, le général Horst Männchen, directeur du Département III de la Stasi et responsable des écoutes radiophoniques, communiqua aux ministres du gouvernement est-allemand de nombreux détails sur le réseau stay-behind du BND. « En analysant des signaux radio secrets du BND que nous avons pu décoder (…) nous sommes parvenus à rassembler des données fiables sur une catégorie spéciales d’agents du BND. » Le rapport de Männchen, daté du 3 août 1984, expliquait que ces agents spéciaux du BND, que la Stasi appelait des « agents retournés » (Überrollagenten), se préparaient en vue d’une invasion des armées du Pacte de Varsovie et avaient été entraînés à mener des opérations de subversion dans le dos de l’ennemi. Ces agents secrets, soulignait Männchen, « représentent un danger réel pour les opérations des forces du Pacte de Varsovie » et doivent donc être identifiés aussi vite que possible afin d’être immédiatement neutralisés « en cas de conflit militaire ». [51]

Dans un autre rapport daté du 6 novembre 1984, Männchen précisait à raison qu’au sein du BND, « ces agents spéciaux sont qualifiés de “stay-behind”  », et que leur création semblait remonter au programme de défense développé par l’OTAN en prévision d’une première offensive des forces du Pacte de Varsovie. Le directeur du Département III expliquait que le réseau comptait aussi des femmes dans ses rangs et que la Stasi était parvenue à décrypter toute une série de signaux radio secrets émis depuis le quartier général du BND à destination des agentsstay-behind. « Ces agents sont des hommes et des femmes, citoyens de la RFA qui vivent sur le territoire de l’Allemagne de l’Ouest, pour beaucoup le long de la frontière avec la RDA et la Tchécoslovaquie. Ils ont une bonne connaissance de leur zone d’opérations et agissent seuls ou en groupes de trois ou quatre pour effectuer les missions qui leur sont confiées dans un rayon de 40 kilomètres autour de leur lieu de résidence. D’après les informations dont nous disposons, entre 16 et 20 unités sont en liaison régulière avec le BND. Selon certaines sources au sein du BND, le nombre total des agents pourrait s’élever à 80. » Männchen indiquait en conclusion que ces agents spéciaux étaient « dangereux » et que la Stasi devrait tenter d’en identifier un maximum. [52]

Dans un rapport ultérieur, la Stasi concluait que les données rassemblées « indiquaient clairement que le BND avait accordé une grande importance à l’entraînement et à la préparation de ces agents spéciaux ». Les communications radio interceptées par le service révélaient également que le réseau stay-behindallemand bénéficiait d’une très bonne coordination et qu’il était en liaison avec les « services secrets de l’OTAN » en Sardaigne, à Huy (en Belgique) et à Lille et Grenoble. [53] En espionnant les communications radio stay-behind du BND, la Stasi fut informée de l’installation des nouveaux systèmes Harpoon en Allemagne de l’Ouest et, le 22 mai 1984, elle indiqua que les agents spéciaux utilisaient à présent un équipement de communication plus moderne et plus efficace. [54] Dans un rapport très détaillé de 11 pages sur le réseau stay-behind remis en 1955, la Stasi déplorait que ce nouveau système capable d’envoyer des signaux radio en moins de trois secondes rendait la localisation des agents du BND plus difficile aux agents est-allemands. [55]

Quand fut révélée l’existence du réseau allemand en 1990, la presse s’intéressa particulièrement à l’équipement de l’organisation secrète et demanda au gouvernement de Bonn s’il existait des caches d’armes en Allemagne. « En soutien aux unités de résistance en territoire occupé, les services secrets alliés ont aménagé des caches d’armes dans les premiers temps de l’opération stay-behind. Elles renfermaient notamment des pièces de rechange pour l’équipement radio, des médicaments, de l’or et des bijoux destinés à d’éventuelles transactions au marché noir ainsi que quelques pistolets », le porte-parole du gouvernement allemand confirmait ainsi les caractéristiques observées dans d’autres pays, mais, de manière surprenante, il tenta d’induire le public en erreur en prétendant que « ces caches avaient été démantelées par les unités stay-behind du BND avant 1972. Les pistolets furent détruits. Actuellement, l’équipement et l’entraînement des agents du renseignement se limitent strictement aux missions de collecte d’informations et d’évacuation. Cet équipement inclut un transmetteur radio spécial mais en aucun cas des armes ou des explosifs. » [56]

Les journalistes allemands soupçonnèrent le porte-parole du gouvernement Lutz Stavenhagen de leur avoir menti en affirmant que toutes les caches d’armes avaient été détruites en 1972. En effet, de mystérieux arsenaux avaient été mis au jour en Allemagne au cours des années 1980. La plus célèbre de ces découvertes était survenue le 26 octobre 1981, quand des bûcherons étaient tombés totalement par hasard sur une importante cache creusée dans le sol et contenant des armes à feu et du matériel de combat, près du village de Ülzen, dans les landes de Lüneburg. Cette étonnante découverte entraîna l’arrestation du garde forestier et militant d’extrême droite Heinz Lembke. Celui-ci guida ensuite les enquêteurs vers un vaste réseau de pas moins de 33 caches d’armes. « Ces caches ont d’office été attribuées au militant d’extrême droite Heinz Lembke », commenta en 1991 une source anonyme au sein du ministère de la Défense autrichien. « Cette explication séduisante comportait cependant une faille. Les caches renfermaient, outre des armes automatiques, du matériel de guerre chimique [Arsen et Zyankali] et environ 14 000 cartouches ainsi que 50 armes anti-char, 156 kg d’explosifs, 230 détonateurs et 258 grenades à main. Il est incroyable qu’un État qui a pris d’importantes mesures anti-terroristes n’ait pas remarqué le vol ou le détournement d’une telle quantité de matériel de combat. » [57]

Dans son article intitulé « Les Armées Secrètes de la CIA en Europe », le journaliste états-unien Jonathan Kwitny s’intéressait au document du ministère de la Défense autrichien avant de conclure que « le programme stay-behind allemand aurait pu être au cœur d’un deuxième scandale, similaire à celui de 1952, mais rien ne fut finalement communiqué au public. » Les caches d’armes découvertes en 1981 avaient en effet permis « de remonter jusqu’à un groupe de jeunes paramilitaires dirigé par le néo-nazi Heinz Lembke, qui fut arrêté. On le décrivit à l’époque comme un extrémiste déséquilibré qui entraînait clandestinement ses troupes au milieu des bois. » Kwitny remarquait cependant qu’il n’était pas le seul à faire le lien entre l’arsenal de Lembke et le réseau stay-behind du BND, la publication autrichienne ayant elle aussi démoli la thèse selon laquelle le garde forestier n’aurait été qu’un extrémiste dérangé et isolé. « Le responsable de la publication du ministère de la Défense autrichien, le général à la retraite Franz Freistätter, affirme avoir personnellement supervisé la rédaction de l’article suggérant que Lembke utilisait les caches d’armes stay-behind pour l’entraînement de ses troupes néo-nazies, il prétend également qu’il croit en cette thèse, bien que son auteur ait souhaité conserver l’anonymat. » [58]

Et l’article de Kwitny et la publication autrichienne sur Gladio semblent indiquer à juste titre que les caches d’armes de Lembke appartenaient au réseau stay-behind allemand. Parmi les documents saisis en 1952, quand fut découverte l’organisation BDJ-TD, figurait une directive relative au jour-J, le jour de l’invasion. Elle indiquait qu’en cas d’invasion, les landes de Lüneburg constitueraient le point de ralliement du stay-behinddu Nord de l’Allemagne : « Les responsables de secteurs ont reçu l’ordre de chercher où étaient stationnés des camions en grand nombre. Le jour-J, ces camions devront être réquisitionnés par la force si nécessaire, par les agents qui les conduiront ensuite jusqu’aux points de ralliement spécifiés par le BDJ dans les villes et les villages », ordonnait la directive. « De là, les camions transporteront les membres jusqu’au point de ralliement du Nord de l’Allemagne, situé dans les landes de Lüneburg. » [59]

Comme on peut l’imaginer, la découverte des caches d’armes de Lembke en octobre 1981 provoqua un véritable scandale en Allemagne. Mais l’affaire devint encore plus explosive quand certaines sources suggérèrent que les arsenaux n’étaient pas restés inutilisés dans l’attente d’une hypothétique invasion soviétique mais que Lembke s’était bel et bien servi du matériel pour équiper ses soldats d’extrême droite, lesquels avaient, un an avant la découverte des dépôts, utilisé les armes mortelles au cours d’un attentat à la bombe perpétré à Munich en 1980. Cette théorie lourde d’implications fut émise par le journaliste allemand Harbart pour qui Gladio était « un glaive entre les mains d’extrémistes ». Harbart expliqua que « l’enquête sur l’attentat de Munich a conduit au garde forestier de Basse-Saxe Hainz Lembke ». Harbart est persuadé que le recours aux bombes et à la stratégie de la tension ne s’est pas limité à l’Italie mais qu’il a gagné le cœur de l’Allemagne. [60]

L’attentat à la bombe de Munich est le plus meurtrier de tous ceux qu’a connus l’Allemagne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le soir du 29 septembre 1980, à 22 h 20, une bombe explosa en plein cœur de la très populaire Fête de la bière. Comme tous les ans, plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées pour participer à ce qui est pour beaucoup le plus beau week-end de l’année. L’explosion tua 13 personnes et en blessa 213, dont de nombreuses grièvement. La ville de Munich et toute l’Allemagne étaient sous le choc. L’enquête policière établit la responsabilité d’activistes d’extrême droite. Elle permit de remonter jusqu’à des groupuscules néo-nazis dont le « Wehrsportgruppe Hoffmann ». D’après la police, c’est l’un de ses membres, un certain Gundolf Köhler âgé de 21 ans, qui avait posé la bombe. Les experts expliquèrent que le dispositif, une grenade à main modifiée placée dans un extincteur, avait été conçu avec une habileté remarquable et l’on en vint à douter que Köhler ait pu fabriquer une bombe aussi complexe lui-même. L’homme ne put être interrogé, il figurait en effet au nombre des victimes.

Ignaz Platzer, qui participait à la fête et perdit ses deux enfants dans l’explosion, accorda, en 1996, un entretien au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung au cours duquel il affirma qu’aucune enquête n’avait été menée sur le réseau d’extrême droite impliqué dans l’attentat. «  Cela fait maintenant des années que vous demandez une réouverture du dossier. Vous ne croyez donc pas que Gundolf Köhler soit le vrai coupable ? », lui demanda un journaliste. « Non, trop d’éléments tendent à prouver le contraire. Pourquoi quelqu’un qui commet un tel acte porterait-il un passeport permettant de l’identifier aussi facilement ? Du moins, il n’a certainement pas agi seul », répondit le père des deux victimes. « Je me bats depuis longtemps pour découvrir qui se cache derrière tout ça. J’ai cependant dû me faire à l’idée que je ne recevrai jamais de réponse honnête. » Le journaliste lui demanda ensuite : « Vous avez renoncé à demander des explications ? », ce à quoi Platzer répondit : « J’ai compris qu’insister ne m’apporterait que des ennuis ». [61]

Ces ennuis proviennent peut-être du fait que l’enquête sur l’attentat de Munich avait remonté la piste des arsenaux de Lembke jusqu’à l’armée stay-behind allemande qui impliquait à son tour la plus grande alliance militaire du monde, l’OTAN, et l’une des deux super-puissances d’alors, les États-Unis. Même si les USA, l’OTAN et le BND n’avaient rien à voir avec le drame de Munich, la découverte d’une armée secrète liée aux mouvements d’extrême droite n’aurait pas manqué de soulever des questions particulièrement sensibles dont celle du contrôle exercé par les institutions démocratiques allemandes sur les combattants secrets et sur leurs caches d’armes.

Un jour seulement après l’attentat, la police criminelle allemande chargée de l’enquête avait découvert que Lembke avait fourni le matériel aux activistes d’extrême droite. « Monsieur Lembke nous a montré différents types d’explosifs, de détonateurs, de mèches lentes, de plastics et d’explosifs militaires », avoua Raymund Hörnle, un membre du Wehrsportgruppe Hoffmann, aux policiers qui l’interrogeaient. « Il a dit qu’il avait de nombreuses caches contenant ce genre de matériel enterrées dans les bois et qu’il pourrait nous en fournir beaucoup (…) Monsieur Lembke nous a dit qu’il formait des gens à l’utilisation des détonateurs et des explosifs. » [62] Ainsi, comme l’attestent les documents de la police, parallèlement à l’instruction des Gladiateurs allemands, Lembke soutenait aussi les terroristes d’extrême droite. « Helmuth Meyer m’a dit que l’on pouvait obtenir des explosifs par Monsieur Lembke », déclara l’activiste Sibylle Vorderbrügge après l’attentat. « Lembke nous a montré différents explosifs (…) il nous a dit qu’il avait plusieurs caches d’armes dans les bois. » [63]

Malgré ces témoignages, la police n’effectua aucune recherche pour tenter de mettre au jour les caches d’armes de Lembke si bien qu’il fallut attendre un an pour que des bûcherons découvrent par accident un de ces arsenaux et que leur existence ne puisse plus être niée. Mais cette fois encore, les enquêteurs n’établirent pas le lien entre l’attentat et les caches d’armes stay-behind. Le 25 novembre 1981, le Dr Däubler-Gmelin, du SPD, souleva la question devant le Parlement national, le Bundestag, en s’adressant ainsi au gouvernement : « Pouvez-vous nous révéler, suite à la découverte de ces caches d’armes et à l’arrestation de Monsieur Lembke, si une nouvelle piste est à présent envisagée en ce qui concerne l’attentat de Munich ? » La question était pertinente mais la réponse le fut nettement moins. Le secrétaire d’État von Schoeler se contenta de répondre : « Il n’y a aucun lien. » [64]

Cette version officielle avait pour but de taire tout lien avec l’organisation Gladio, étant donné qu’il fallait que l’existence de l’armée stay-behind demeure confidentielle. Elle contredisait également les témoignages des militants d’extrême droite interrogés par la police. Immédiatement après la découverte des caches d’armes le 26 octobre 1981, la police allemande perquisitionna au domicile de Lembke et saisit un chargeur de pistolet G3 et un jeu de mèches lentes entrant dans la composition de bombes. Mais Lembke lui-même semblait intouchable, il ne fut pas arrêté. Né en 1937 à Stralsund dans l’Est de l’Allemagne, l’activiste avait d’abord fait l’expérience du socialisme en RDA avant de fuir à l’Ouest à l’âge de 22 ans et d’acquérir une certaine notoriété dans les milieux d’extrême droite. Il prit la tête du « Bund Vaterländischer Jugend » ou BVJ (l’Alliance des Jeunes Patriotes), où en tant qu’idéologue il composa des slogans tels que : « Un Allemand qui pense comme un Juif mérite d’être pendu ». [65] À l’instar du BDJ, qui fut déclaré illégal en 1952, le BVJ fut interdit en 1962. Mais Lembke ne renia pas pour autant ses convictions d’extrême droite. En 1968, il tenta de se faire élire au Parlement régional de Basse-Saxe, sous l’étiquette du NPD. Il renonça vite à sa carrière politique pour se consacrer à l’activisme et à la lutte contre les antifascistes allemands. Cela lui valut d’être traduit en justice avant qu’une juridiction supérieure le déclare mystérieusement « non coupable ».

Ce n’est que plusieurs semaines après la découverte des caches d’armes que Lembke fut finalement arrêté et emprisonné. Mais ce fut pour une tout autre raison. Il fut inculpé pour avoir refusé de témoigner lors du procès où comparaissait son ami et collègue, le leader d’extrême droite Manfred Röder du mouvement terroriste « Deutsche Aktionsgruppen ». En prison, Lembke revint subitement sur sa décision et se déclara prêt à témoigner au sujet de Röder, des caches d’armes et de tout ce qu’il savait. Lembke précisa qu’il ne souhaitait parler qu’au procureur qui l’avait interrogé sans succès dans le cadre de l’affaire Röder. Cette condition fut acceptée et le procureur rendit immédiatement visite à Lembke dans sa cellule. Celui-ci passa finalement aux aveux et révéla la localisation exacte des 33 caches d’armes dont seules quelques-unes avaient alors été découvertes. Lembke confia à son interlocuteur qu’il lui avouerait le lendemain qui était censé utiliser les armes et les explosifs. Le jour suivant, le 1er novembre 1981, Lembke fut découvert pendu au moyen d’une corde accrochée au plafond de sa cellule. [66]

La police locale de Basse-Saxe fut alors dessaisie du dossier Lembke au profit des autorités nationales de Bonn. Cette manœuvre judiciaire fut qualifiée de « magouille policière » [67] par le ministre de l’Intérieur de Basse-Saxe Möcklinghoff. Un an plus tard, le 3 décembre 1982, Bonn décida de clore l’enquête sans avoir pu établir de liens entre les arsenaux secrets et l’attentat de Munich en déclarant que l’affaire Lembke était une « affaire privée ». Dans leur rapport final, les enquêteurs conclurent qu’il « n’existe aucun indice suffisant permettant de déduire que Lembke avait l’intention de perturber l’ordre constitutionnel de la République allemande au moyen d’attentats ou d’assassinats ». Le texte final se contentait de reconnaître que Lembke vivait probablement dans la crainte d’une invasion soviétique contre laquelle il entendait mener une “guerre de partisans” et concluait que « le matériel de combat a été rassemblé et enterré par lui au fil des années afin de mener des opérations de résistance dans l’hypothèse d’une invasion qu’il redoutait ». [68]

À la surprise générale, la cour conclut finalement « que les activités de Lembke ne représentaient pas un danger aussi important qu’il a d’abord été craint. Ses efforts n’étaient en réalité pas dirigés contre l’ordre actuel du pays. » Dans le même temps, le tribunal semble avoir pris conscience de la stratégiestay-behind, il déclara en effet que Lembke avait mené une opération « Werwolf ». Ce terme faisait référence aux réseauxstay-behind que les nazis avaient laissés derrière eux dans de nombreux pays à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ces réseaux disposaient eux aussi de leurs propres caches d’armes secrètes. Créature issue du folklore germanique, le Werwolf, ou loup-garou, désigne un être humain qui se transforme soudain en un loup sanguinaire qui attaque et tue les gens jusqu’au lever du jour. La cour découvrit que « le garde forestier avait en outre entrepris des préparatifs pour le cas où les communistes accèderaient au pouvoir, afin que le “Werwolf ” puisse alors se réveiller ». [69] Mort en prison, Lembke ne put commenter ces conclusions. Nombre de ses camarades d’extrême droite furent condamnés à payer des amendes modiques. Sur l’ensemble des armes découvertes dans les arsenaux souterrains, on ne put déterminer l’origine que de trois. Elles provenaient d’une firme privée qui fournissait l’armée allemande et l’OTAN.JPEG - 14.1 ko

Le député vert Manfred Such

En raison des connexions avec l’extrême droite et des implications supposées dans l’attentat de Munich, l’Allemagne eut beaucoup de mal à mener l’enquête et à faire la lumière sur son histoirestay-behind. Le 5 novembre 1990, le député Manfred Such des verts déposa une requête officielle auprès du gouvernement de Helmut Kohl relative à l’existence soupçonnée de structures de type Gladio en Allemagne. Le porte-parole du gouvernement allemand Hans Klein provoqua la stupeur et la colère des parlementaires et des journalistes en déclarant que « le Gladio allemand n’était pas, comme on a pu le dire, un commando secret ou une unité de guérilla » et en ajoutant qu’il ne pouvait entrer dans les détails pour des raisons de confidentialité. [70] La déclaration de Klein provoqua une vague de protestation dans les rangs des sociaux-démocrates et des verts de l’opposition. Le député Hermann Scheer, expert en matière de défense au sein du SPD, assimila le mystérieux réseau d’extrême droite à une sorte de « Ku-Klux-Klan », plus voué à mener des actions antidémocratiques en temps de paix qu’à servir en cas d’invasion soviétique. Afin de faire toute la lumière sur les faits, Scheer demanda l’ouverture immédiate par le procureur général d’une enquête judiciaire approfondie au plus haut niveau de la hiérarchie de l’armée de l’ombre de l’OTAN car « l’existence d’une organisation militaire armée et secrète agissant hors de tout contrôle gouvernemental ou parlementaire est totalement contraire à la loi fondamentale et relève, à ce titre, de la justice pénale ». [71] Scheer insistait sur l’urgence de diligenter une enquête « avant qu’on puisse faire disparaître les preuves » [72]

Les voix s’élevant au SPD pour demander l’ouverture d’une enquête approfondie sur Gladio se turent bientôt quand il fut révélé que ses ministres avaient aussi pris part à la conspiration. À l’approche des élections, les sociaux-démocrates redoutèrent le résultat d’éventuelles investigations et seul le parti des verts, fondé en 1980, persista à demander des éclaircissements étant donné que, n’ayant jamais assumé de responsabilités gouvernementales, il n’était en aucun cas compromis dans l’affaire. La demande des verts de voir la question stay-behind et les possibles liens avec le terrorisme discutés au Parlement fut rejetée par l’alliance CDU/CSU-FDP-SPD qui redoutait un scandale de grande ampleur et décida le 22 novembre 1990 que le sujet serait traité à huis clos par la PKK (Parlamentarische Kontrollkommission), la commission de contrôle parlementaire tenue au secret. C’est donc dans ce cadre que Volker Förtsch, le dernier directeur stay-behind du BND, informa les députés que les unités secrètes allaient être démantelées. Le parti des verts, qui ne disposait d’aucun siège dans cette importante commission chargée de contrôler les agissements du BND, s’en prit à la PKK en déclarant qu’il était bien connu qu’elle « couvrait plus souvent qu’elle ne clarifiait ». [73] Lorsque des journalistes tentèrent d’obtenir plus d’informations d’Eberhard Blum, l’assistant de Gehlen et directeur du BND entre 1983 et 1985, celui-ci répondit : « Gladio ? Il n’y a jamais rien eu de ce genre en Allemagne. » [74]

Refusant de s’avouer vaincus, les verts déposèrent une nouvelle requête le 29 novembre. « À la fin du mois d’octobre, l’actuel Premier ministre italien Giulio Andreotti a confirmé dans un rapport adressé au Parlement l’existence au sein de l’OTAN d’un service confidentiel, nom de code Gladio », ainsi commençait la requête qui contenait également l’interrogation suivante : « Une telle organisation supranationale secrète liée à l’OTAN a-t-elle opéré en Allemagne ? » Le Dr Lutz Stavenhaguen, membre du gouvernement Kohl responsable du service de renseignement BND, répondit à la question par un bref et catégorique « Non ». Les verts souhaitaient aussi savoir : « Quelle est la nature et le contenu exacts des accords conclus par le gouvernement allemand lors de l’adhésion à l’OTAN, ou par la suite, et qui autorisent les agissements de telles organisations ? » Stavenhaguen persista à nier : « Le gouvernement allemand n’a conclu aucun accord de ce type ». Les députés lui demandèrent alors : « Quelle est la nature exacte des relations qu’a entretenues ou qu’entretient l’OTAN avec ce service secret qui a opéré en Allemagne et/ou dans d’autres pays de l’OTAN ? », ce à quoi Stavenhaguen répondit : « En raison de la réponse apportée à la première question, celle-ci est inutile ». Les verts finirent par demander : « Le gouvernement sera-t-il disposé à informer de sa propre initiative cette assemblée dans le détail, dès qu’il disposera d’informations pertinentes. Et s’il ne l’est pas pourquoi donc ? » « Il ne sera possible de répondre à cette question qu’une fois que ces documents seront disponibles. La réponse dépend en effet des conditions dans lesquelles de tels documents auront été obtenus. » [75]

Les députés verts étaient furieux mais impuissants. Le gouvernement du chancelier chrétien démocrate Helmut Kohl, en fonction depuis 1982, avait préféré répondre par une série de mensonges plutôt que de compromettre ses chances dans les premières élections nationales dans l’Allemagne réunifiée qui se tinrent le 2 décembre 1990 et virent la victoire de Kohl. À la suite de quoi, le lundi 3 décembre 1990, Lutz Stavenhaguen s’empressa d’adresser à l’ensemble des médias un fax de quatre pages intitulé : « Rapport du Gouvernement sur l’Organisation Stay-behind du BND », dans lequel, contrairement à ses précédentes déclarations, il confirmait qu’un réseau stay-behindsecret lié à l’OTAN avait bel et bien existé en Allemagne : « les unités constituées sur le territoire allemand jusqu’en 1955 par les services secrets alliés en vue de collecter du renseignement et d’organiser des opérations d’évacuation sont contrôlées par le BND depuis 1956 ». Le gouvernement confirmait également que l’armée secrète était toujours active, tout en précisant que le 22 novembre, la commission parlementaire de contrôle avait été informée des détails importants : « À l’heure actuelle 104 personnes collaborent avec le BND dans le cadre de l’opération stay-behind ». Le rapport concluait : « Compte tenu de l’évolution de la situation politique mondiale, le BND a commencé dès l’été 1990 à envisager le démantèlement de l’organisation stay-behind. Sur la base d’accords conclus avec les partenaires alliés, ce démantèlement sera entrepris vers avril 1991 » [76]

Tandis que le BND garantissait au public que l’armée secrète avait été dissoute et les arsenaux clandestins du pays désaffectés, le sujet refit surface le 17 août 1995. Ce jour-là, Peter Naumann, un néo-nazi de 43 ans qualifié en chimie et expert en explosifs conduisit, sous l’oeil des caméras, des policiers stupéfaits jusqu’à l’emplacement de pas moins de 13 caches qu’il avait, selon lui, aménagées en Basse-Saxe et en Hesse au cours des 17 dernières années. Ces dépôts renfermaient des armes, des munitions et environ 200 kg d’explosifs. Naumann avoua aux policiers qu’il était un ami de Lembke et que la plupart de ces armes et explosifs provenaient des réserves de ce dernier. [77]

Il est étonnant de constater que, malgré la présence avérée dans ses rangs de terroristes néo-nazis et son implication supposée dans des attentats terroristes d’extrême droite, l’armée secrète allemande ne fit l’objet d’aucune enquête parlementaire, à l’exception d’un rapport officiel assez détaillé, il est vrai. « En ce qui concerne la transparence démocratique, l’Allemagne se classe au dernier rang des pays européens », analysa le journaliste d’investigation Leo Müller dans un bref ouvrage publié dans les premiers temps du scandale Gladio. [78] D’autres journalistes ont enquêté sur l’affaire en Allemagne, comme Ulrich Stoll, reporter à la ZDF, celle-ci est loin d’être classée. Quand il eut accès à des rapports déclassifiés de la Stasi fin 2002, Stoll déclara : « Les recherches sur Gladio peuvent reprendre ». [79]

Daniele Ganser

Cet article constitue le quinzième chapitre des Armées secrètes de l’OTAN
© Version française : éditions Demi-lune (2007).

[1] En ce qui concerne le débat sur les véritables auteurs de l’incendie du Reichstag, consulter Alexander Bahar et Wilfried Kugel, Der Reichstagsbrand. Wie Geschichte gemacht wird (Quintessenz Verlag, Berlin, 2000).

[2Bericht der Bundesregierung über die Stay-Behind Organisation des Bundesnachrich tendienstes. Un document de quatre pages rédigé par Lutz Stavenhagen à Bonn le 3 décembre 1990. Il y est fait référence ci-après sous le nom de Rapport allemand de 1990 sur le stay-behind.

[3] Périodique français Intelligence Newsletter du 19 décembre 1990.

[4] Périodique britannique Searchlight de janvier 1991.

[5] Après avoir été extradé de Bolivie (en 1983), Barbie fut jugé à Lyon, en 1987, et condamné à la prison à vie pour crimes contre l’humanité. Il est mort en prison 4 ans plus tard des suites d’un cancer. (Note de l’éditeur)

[6] Christopher Simpson, Blowback : America’s Recruitment of Nazis and Its Effects on the Cold War (Weidenfeld et Nicolson, Londres, 1988), Prologue. Il convient de remarquer que la presse états-unienne s’aligna sur la stratégie de dissimulation du ministère de la Justice et rendit compte du phénomène comme d’une exception. United Press International titra par exemple le lendemain : ‘Barbie, l’exception pas la règle’ Et la chaîne ABC invita dans son édition du soir Allan Ryan, qui expliqua que les États-Unis avaient “ recruté Barbie en toute bonne foi, sans se douter du rôle qu’il avait joué en France … [et que] son cas n’était en rien significatif “ Répondant aux questions des journalistes, Ryan poursuivit sur le même thème en indiquant qu’il était “hautement improbable que d’autres dignitaires nazis aient bénéficié de la même confiance que Barbie … et que l’affaire [était] donc close“. (ibid.).

[7] Simpson, Blowback, p.44.

[8Ibid., p.42.

[9Ibid., p.40.

[10] Allan Francovich, Gladio : The Ringmasters. Premier des trois documentaires de Francovich consacrés au Gladio, diffusé le 10 juin 1992 sur BBC2.

[11Ibid.

[12] Périodique britannique Searchlight de janvier 1991.

[13Ibid.

[14] Leo Müller, Gladio. Das Erbe des Kalten Krieges. Der NATO Geheimbund und sein deutscher Vorläufer (Rowohlt, Hambourg, 1991), p.72. Le journaliste allemand Leo Müller a sûrement fourni la meilleure description des événements de 1952 en Allemagne dans ce livre paru dans les premiers temps de l’affaire Gladio. L’extrait du témoignage de Hans Otto figure dans le rapport BDJ-TD que le gouvernement local de Hesse a rendu public suite au scandale.

[15] Dieter von Glahn, Patriot und Partisan für Freiheit und Einheit (Grabert, Tübingen, 1994), p.58.

[16] D’autres camps militaires comme le centre d’entraînement des unités parachutistes situé près d’Altenstadt, en Bavière, furent utilisés pour l’entraînement des unités stay-behind allemandes. Voir Erich Schmidt Eenboom, Die ‘Graue’ und die ‘Rote’ Hand. Geheimdienste in Altenstadt, années 1990. Non publié.

[17] Müller : Gladio, p.123.

[18Ibid., p.124, citant le rapport BDJ-TD.

[19Ibid., citant le rapport BDJ-TD.

[20Ibid., p.130, citant le rapport BDJ-TD.

[21Ibid., p.128, citant le rapport BDJ-TD.

[22Ibid., p.129 et 130, citant le rapport BDJ-TD.

[23Ibid., p.133.

[24] Simpson, Blowback, p.181. Et Jens Mecklenburg (ed.), Gladio : Die geheime Terrororganisation der Nato (Elefanten Press, Berlin, 1997), p.74. Mecklenburg fut l’un des premiers à prendre conscience, après 1995, des implications considérables du phénomène Gladio et à publier des essais sur le sujet en Europe.

[25] Müller : Gladio, p.94, citant le rapport du BDJ-TD.

[26Ibid., p.107, citant le rapport du BDJ-TD.

[27Ibid., p.136 et 143.

[28] William Blum, Killing Hope. US Military and CIA interventions since World War II (Common Courage Press, Maine, 1995), p.64 dans son enquête approfondie sur la CIA, Blum remarque avec justesse que “cette opération en Allemagne … s’insrivait dans le cadre d’un réseau bien plus vaste, nom de code ‘Opération Gladio’, créé par la CIA et d’autres services de renseignement européens et comptant des armées secrètes dans toute l’Europe de l’Ouest “.

[29] Discours de Zinn devant le Landtag (Parlement régional) de Hesse le 8 octobre 1952. Retranscrit dans Müller, Gladio, p.146–152.

[30] Cité dans Glahn, Patriot, p.67. L’agent du TD Glahn a jugé cette déclaration de l’États-unien «  insultante à l’égard du TD ».

[31] Intitulé Der Technische Dienst des Bundes Deutscher Jugend (Le TD du BDJ), le rapport d’enquête présenté en 1953 par le ministre de l’Intérieur de Hesse se composait de trois volumes : un long développement de 121 pages (le premier volume), et deux appendices, l’une de 200 et l’autre de 300 pages contenant des copies de lettres, de registres, de rapports et de décisions (volumes 2 et 3). Sans dénigrer les travaux effectués en Belgique, en Suisse et en Italie, on peut considérer que le Rapport sur le BDJ-TD est peut-être la seule enquête satisfaisante menée suite à la découverte d’un réseau stay-behind Gladio.

[32] Allan Francovich, Gladio : The Ringmasters. Premier des trois documentaires de Francovich consacrés au Gladio, diffusé le 10 juin 1992 sur BBC2.

[33] Magazine politique autrichien Zoom, n°4/5, 1996 : Es muss nicht immer Gladio sein. Attentate, Waffenlager, Erinnerungslücken, p.97. Et Klaus Harbart : « Gladio – ein Schwert in rechter Hand », Dans Der Rechte Rand, n°10, janvier 1991, p.4.

[34] Glahn : Patriot, p.41–42.

[35Ibid., p.43–47.

[36] Simpson, Blowback, p.260.

[37] Aucun auteur spécifié, « Schnüffler ohne Nase. Die Pannen und Pleiten des Bundesnachrichtendienstes in Pullach » dans l’hebdomadaire d’informations allemand Der Spiegel, n°17, 1995.

[38] Rapport allemand de 1990 sur le stay-behind.

[39] Müller, Gladio, p.109.

[40] Glahn, Patriot, p.48.

[41Ibid., p.74.

[42] Rapport allemand de 1990 sur le stay-behind.

[43Ibid.

[44Ibid.

[45Ibid.

[46] Mecklenbrug, Gladio, p.64.

[47] Périodique britannique The Economist du 27 octobre 1990.

[48] Aucun auteur spécifié « Schnüffler ohne Nase. Die Pannen und Pleiten des Bundesnachrichtendienstes in Pullach » dans l’hebdomadaire d’informations allemand Der Spiegel, n°17, 1995.

[49] Müller, Gladio, p.20. Et Erich Schmidt Eenboom, Schnüffler ohne Nase. Der BND. Die unheimliche Macht im Staate (Econ Verlag, Düsseldorf, 1993), p.376.

[50] Quotidien britannique The Observer du 6 décembre 1990.

[51] MfS Hauptabteilung III. Report of General Major Männchen to Genosse Generalleutnant Neiber, Berlin, 3 août 1984. Déclassifié.

[52] MfS Hauptabteilung III. Report of General Major Männchen to Genosse Generalleutnant Neiber, Berlin, 6 novembre 1984. Déclassifié.

[53] MfS Streng Vertraulich. Information G/02069/13/02/84. Relevante Funkverbindungen von Sonderagenten und der Partnerdienste des BND sowie der NATO Geheimdienste. Déclassifié.

[54] MfS Hauptabteilung III. Schnellautomatische Funksendungen im Funknetz der Ueberrollagenten des BND mit einer neuen Uebertragungsapparatur. Berlin, 22 mai 1984. Déclassifié.

[55] MfS Hauptabteilung III. Gegenwärtiger Stand bei der Bearbeitung des Funkverbindungssystems des BND zu Ueberrollagenten. Berlin, 5 juillet 1985. Declassified.

[56] Rapport allemand de 1990 sur le stay-behind.

[57] Anonyme. Périodique autrichien Oesterreichische Militärische Zeitschrift, n°2, 1991, p.123.

[58] Jonathan Kwitny, « The CIA’s Secret Armies in Europe » dans The Nationdu 6 avril 1992, p.446.

[59] Mecklenburg, Gladio, p.78.

[60] Klaus Harbart, « Gladio – ein Schwert in rechter Hand » dans Der Rechte Rand, n°10, janvier 1991, p.5.

[61] Quotidien allemand Süddeutsche Zeitung du 27 septembre 1996.

[62] Mecklenburg, Gladio, p 82.

[63Ibid.

[64] Transcription des séances du Parlement allemand. Deutscher Bundestag.

[65] Extrait de Mecklenburg : Gladio, p.79.

[66] Klaus Harbart, « Gladio – ein Schwert in rechter Hand » dans Der Rechte Rand, n°10, janvier 1991, p.5.

[67Ibid.

[68Ibid., p.6.

[69] Mecklenburg, Gladio, p.83.

[70Presse- und Informationsamt der Bundesregierung. Pressemitteilung N°455/90, de Hans Klein, 14 novembre 1990. Voir aussi Müller, Gladio, p.30.

[71] Extrait de Müller, Gladio, p.14.

[72] Aucun auteur spécifié, « Das blutige Schwert der CIA. Nachrichten aus dem Kalten Krieg : In ganz Europa gibt es geheime NATO Kommandos, die dem Feind aus dem Osten widerstehen sollen. Kanzler, Verteidigungsminister und Bundeswehrgenerale wussten angeblich von nichts. Die Spuren führen nach Pullach, zur ‘stay-behind organisation’ des Bundesnachrichtendienstes » dans l’hebdomadaire d’informations allemandDer Spiegel du 19 novembre 1990.

[73Ibid.

[74] Mecklenburg, Gladio, p.48.

[75] « Kleine Anfrage der Abgeordneten Such, Frau Birthler, Hoss, Frau Dr Vollmer und der Fraktion DIE GRUENEN. Tätigkeit eines NATO-Geheimdienstes auch in der Bundesrepublik Deutschland ? » Drucksache 11/8452. Inklusive Antworten von Dr Lutz G. Stavenhagen, MdB, Staatsminister beim Bundeskanzler, Beauftragter für die Nachrichtendienste. Bonn, 30 novembre 1990.

[76] Rapport allemand de 1990 sur le stay-behind.

[77] Magazine politique autrichien Zoom, n°4/5, 1996 : « Es muss nicht immer Gladio sein. Attentate, Waffenlager, Erinnerungslücken », p.110. Et Reuters, 17 août 1995.

[78] Müller, Gladio, p.19.

[79] Ulrich Stoll, Gladio : Späte Spuren einer NATO-Geheimarmee dans Thomas Leif (ed.), Mehr Leidenschaft Recherche. Skandal-geschictehn und Enthüllungsberichte. Ein Handbuch zur Recherche und Informationsbeschaffung (Westdeutscher Verlag, Wiesbaden, 2003), p.184.

La source originale de cet article est Réseau Voltaire

Copyright © Dr. Daniele GanserRéseau Voltaire, 2013

RIO DE JANEIRO – BR

A GUERRA SECRETA NA ALEMANHA

TRADUZIDO PARA O PORTUGUÊS AQUI NESSE SITE POR ARTIGOS POLITICOS -DO FRANCÊS AO PORTUGUÊS EM 24 DE FEVEREIRO DE 2023-TRADUÇÃO FRANCÊS-PORTUGUÊS YANDEX-REVISADO/EDITADO POR ARTIGOS POLITICOS)

2023 -OBSERVE QUE SE TRATA DE UM ANO APÓS O COMEÇO DA OPERAÇÃO DE DESNAZIFICAÇÃO DA UCRÂNIA PELA RÚSSIA. A GUERRA, NA QUAL ESSA OPERAÇÃO ESTÁ INSERIDA, JÁ TINHA COMEÇADO NA VERDADE NO GOLPE DE ESTADO NA UCRÂNIA, O QUAL FOI PLANEJADO/INSTIGADO/APOIADO PELO ENSEMBLE EUA/EU/OTAN, EM 2014.

PRENSA LATINA – PARA VER MAIS FOTOS E MÚSICAS DEDICADAS AO CHE –

VOCÊ PODE TAMBÉM OUVIR MÚSICAS DO CHE EM PROCURA/BUSCA = https://www.youtube.com/results?search_query=che+guevara+songIm

[A guerra secreta-lê-se os exércitos secretos- Gladio e seus exércitos secretos. Stay- behind [stei-bi`raind] em inglês significando retaguardas secretas as quais, secretamente, permaneceram na Europa depois do final da segunda guerra mundial. Gladio=direção OTAN]

OBS! ÊNFASES ADICIONADAS POR ARTIGOS POLITICOS

A GUERRA SECRETA NA ALEMANHA

Par Dr. Daniele Ganser

Mondialisation.ca, 14 août 2013

Réseau Voltaire 9 août 2013

[KLAUS BARBIE, CONHECIDO COMO O AÇOUGUEIRO DE LYON – GESTAPO]

KLAUS BARBIE

Klaus Barbie (1913-1991). Depois de ter desempenhado um papel importante no assalto ao gueto de Amesterdão, torna-se chefe da Gestapo em Lyon, onde luta contra a resistência e consegue prender e torturar Jean Moulin. Depois da guerra, ele é procurado pelas Nações Unidas, mas é secretamente alistado pela CIA para criar o Gladio Alemão. Interrogado na Alemanha, foi transferido para a Bolívia em 1951 onde ele rapidamente se torna o chefe dos serviços de inteligência boliviano e o homem forte do país. Klaus Barbie então prende e executa Che Guevara na Bolívia em 1967.

No entanto, após uma mudanca de regime, Klaus Barbie é deportado para a Franca, onde é julgado e condenado à prisão perpétua. Morre na prisão por cancro.

Se a existência do Gladio alemão antes da adesão da RFA [República Federativa da Alemanha] a NATO está perfeitamente documentada graças ao trabalho do então Primeiro-Ministro de Hesse, August Zinn, a sua acção depois de 1955 ficou sendo objecto de extensas mentiras estatais. Apesar da descoberta, aqui e ali, de esconderijos de armas, a Polícia federal nunca veio a conduzir uma investigação séria e sempre o governo federal continuou protegendo seu segredo.

Esse artigo faz parte de uma série. [Essa série analisa a história do GLADIO que foi/é uma rede secreta deixada na Europa depois do final da guerra mundial em 1945. Foi a Guerra Secreta na Alemanha, através de Klaus Barbie, que acabou levando a morte de Che Guevara e é essa, a nr. 15 da série, a que estudamos nesse artigo em português.] Então tem-se:-

Cet article fait partie de la série :
1. « Quand le juge Felice Casson a dévoilé le Gladio… »
2. « Quand le Gladio fut découvert dans les États européens… »
3. « Gladio : Pourquoi l’OTAN, la CIA et le MI6 continuent de nier »
4. « Les égouts de Sa Majesté »
5. « La guerre secrète, activité centrale de la politique étrangère de Washington »
6. « La guerre secrète en Italie »
7. « La guerre secrète en France »
8. « La guerre secrète en Espagne »
9. « La guerre secrète au Portugal »
10. « La guerre secrète en Belgique »
11. « La guerre secrète aux Pays-Bas »
12. « La guerre secrète au Luxembourg »
13. « La guerre secrète au Danemark »
14. « La guerre secrète en Norv

Em 27 de fevereiro de 1933, por volta das 21h, um incêndio começou a assolar o Reichstag, o Parlamento alemão, em Berlim. Embora os bombeiros tenham conseguido salvar parte do edifício, o Parlamento e a democracia alemã sucumbiram a este ataque pernicioso. Adolf Hitler do Partido Nacional Socialista (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, NSDAP, vulgarmente abreviado como “Nazi”), que tinha sido nomeado para o cargo de chanceler apenas um mês antes, incriminou imediatamente o Partido Comunista Alemão (Kommunistische Partei Deutschlands, KPD). Na manhã seguinte, juntamente com o Ministro do Interior Wilhelm Frick e o ministro encarregado das forças policiais Hermann Göring, ambos do NSDAP, o Chanceler Hitler ordenou sem demora a detenção de cerca de 4.000 opositores políticos e jornalistas críticos do regime, muitos dos quais eram membros do KPD ou do SPD, respectiamente o Partido Comunista e o Partido Social Democrata.

Um mês após o misterioso incêndio, o banimento dos comunistas e a detenção de um grande número de socialistas, o Parlamento Alemão adoptou por maioria, e apesar dos protestos dos poucos socialistas remanescentes, uma nova lei crucial (Gesetz zur Behebung der Not von Volk und Reich) que efectivamente aboliu o Parlamento e transferiu todos os poderes para o executivo liderado por Hitler. No mesmo mês, os primeiros campos de concentração foram criados na Alemanha e, a partir de abril de 1933, receberam mais de 25.000 opositores políticos presos pelas forças especiais de Hitler, a Schutzstaffel ou SS, e pela polícia secreta do regime, a Gestapo. Marinus van der Lubbe, um comunista que tinha sido preso no local na noite do incêndio, foi julgado, condenado a morte e executado. Mesmo antes do início do julgamento de van der Lubbe, uma investigação conduzida pelos britânicos tinha concluido que os próprios ativistas do NSDAP tinham causado o misterioso incêndio para assumir o controle total do aparato estatal. No início de 1933, Hitler e os seus muitos apoiantes transformaram assim a Alemanha numa ditadura liderada pelo Fuhrer e pelo seu partido Nazi. Seis anos depois ele declarou A Segunda Guerra Mundial, que causou uma devastação sem precedentes e a morte de 60 milhões de pessoas; estas foram as horas mais sombrias da história da humanidade. Quando o Exército Vermelho finalmente tomou Berlim e hasteou a bandeira da URSS no frontão do Reichstag, Hitler, derrotado, suicidou-se. Foi em 30 de abril de 1945, em Berlim. [1]

“O estabelecimento de organizações de permanência, ouseja, retaguarda stay-behind nos países da OTAN começou nos dias seguintes a Segunda Guerra Mundial”, confirmou o relatório oficial do governo alemão em 1990. [2] Após a derrota da Alemanha em 1945, o caos do pós-guerra reunia, aos olhos dos Estados Unidos, as condições ideais para a criação de uma rede de stay-behind. Como força de ocupação, as tropas americanas partilhavam o controlo do território com os exércitos francêses, britânicos e russos. A prioridade era reunir um grande número de elementos visceralmente anticomunistas formados em operações de guerrilha e no manuseamento de armas e explosivos, razão pela qual, no maior segredo, os Estados Unidos recrutaram Ex-Nazis para a rede alemã da retaguarda stay-behind. Na altura do escândalo desencadeado por Andreotti em 1990, o canal de televisão privado RTL chocou a opinião pública alemã ao revelar num relatório dedicado ao Gladio que ex-membros da muito temida Waffen-SS de Hitler, que exterminaram os comunistas sob o Terceiro Reich, faziam parte da organização alemã stay-behind.

Um documento do Estado-Maior dos EUA intitulado “Conceitos Estratégicos Gerais” datado de 28 de Março de 1949 sublinhava que a Alemanha “tinha um excelente potencial de homens treinados para constituir as unidades clandestinas e as reservas do exército secreto [unidades de permanência/ retaguarda stay-behind]. Uma resistência eficaz pode e deve ser organizada.” [3] Por ordem do Pentágono, o recém-criado Centro de Contra-Inteligência (CIC) foi encarregado de caçar os antigos Nazis, a fim de os levar a justiça em Nuremberga. Isso ao mesmo tempo que recrutava apoiantes da extrema-direita nas fileiras do exército – anticomunista – secreto. Esta prática só foi revelada em 1986, quando o Departamento de Justiça dos EUA deu uma conferência de imprensa, talvez a mais importante desde o escândalo Watergate, durante o qual ele admitia que o CIC [Centro de Contra-Inteligência] havia recrutado um alto dignitário nazista no período imediato do pós-guerra. Um estudo de 600 páginas compilado por Allan Ryan em nome do Ministério da Justiça confirmava que o oficial da SS responsável pela Gestapo – Klaus Barbie – tinha sido de facto recrutado em 1947 pelo CIC, que o tinha ajudado a escapar da acusação por crimes de guerra antes de organizar a sua fuga da Europa para a Argentina em 1951, através de uma rede clandestina.

Não foram as suas qualidades morais que fizeram com que Klaus Barbie fosse salvo pelos agentes dos serviços secretos dos EUA, mas sim as suas capacidades e a sua utilidade potencial na criação da rede alemã stay-behind. A imprensa britânica informou em 1990 que: “entre aqueles que foram recrutados e que recrutaram por vez outros, durante os primeiros anos do programa, figurava um ex-SS Obersturmführer, Hans Otto, bem como outros personagens menores. Mas a mais bela tomada desta operação foi Klaus Barbie, que trabalhou no recrutamento de antigos nazis e membros da organização fascista Bund Deutscher Jugend (BDJ). “[4] Em 1943 e 1944, Klaus Barbie ordenou a execução de pelo menos 4.000 pessoas, combatentes da resistência e judeus, bem como a deportação de outros 15.000 para campos de concentração e extermínio, o que lhe valeu o apelido de “Açougueiro de Lyon”. Pouco depois do fim da guerra, Barbie foi condenado por crimes contra a humanidade e sentenciado a morte, a revelia, por um tribunal francês após um julgamento durante o qual testemunhas o descreveram como um torturador sádico que tinha aterrorizado homens, mulheres e crianças com sua “cravache” de equitação e seu cão pastor alemão. [5]

Reinhard Gehlen (1902-1979). Chefe do Serviço de Inteligência Nazi do leste e brigadeiro-general do Reichswehr, antecipa o fim da Segunda Guerra Mundial aproximando-se dos conspiradores anti-Hitler. Após a sua libertação, dá-se a conhecer às autoridades dos EUA e dá-lhes micro-filmes dos seus arquivos. Ele criou, em nome da CIA, o novo serviço de inteligência da República Federal da Alemanha, o BND, do qual se tornou chefe. Como tal, ele protegeu o Gladio alemão e recrutou dezenas de milhares de ex-agentes nazistas para operações de sabotagem na União Soviética. Ele forneceu à CIA a maior parte de suas informações sobre o bloco de Leste, muitas vezes exageradas. Renunciou em 1963, quando se descobriu que a sua organização estava infiltrada ao mais alto nível pelos soviéticos.

Na conferência de imprensa de 1986, o Departamento de Justiça dos EUA não mencionou o papel desempenhado por Klaus Barbie na criação da rede de permanência, retaguarda stay-behind, e afirmou que, para além desta, “não havia registo de um caso semelhante em que um Nazi suspeito de crimes de guerra tivesse sido exfiltrado ou, aliás, qualquer outra pessoa procurada pelo governo dos Estados Unidos, ou de um dos seus aliados”. [6] Esta afirmação é falsa: a pessoa mais importante recrutada pelo CIC não foi o açougueiro de Lyon, mas o General Reinhard Gehlen. Ele iniciou a sua carreira nos serviços secretos do Terceiro Reich, assumindo em 1942 a testa da “Fremde Heere Ost” (FHO- As Tropas Estrangeiras do Leste) com a missão de lutar contra as forças soviéticas. “Gehlen obteve a maior parte de suas informações envolvendo-se nos piores abusos de guerra com tortura e interrogatórios, além de fazer com que cerca de 4 milhões de prisioneiros soviéticos morressem de fome”, descobriu o historiador americano Christopher Simpson, enquanto investigava o recrutamento de nazistas por seu país. [7] Gehlen estava perfeitamente ciente de que os seus crimes de guerra o tinham valido para estar na lista negra do NKVD, os serviços especiais de Moscovo. Quando percebeu que a Alemanha estava perdendo a guerra, preferiu escapar das represálias dos russos rendendo-se ao CIC dos Estados Unidos, em 20 de Maio de 1945.

Reinhard Gehlen tinha adivinhado correctamente que a informação extraída sob tortura de prisioneiros comunistas e soviéticos seria de grande interesse para os Estados Unidos. Com a ajuda de alguns altos funcionários nazis, transferiu meticulosamente os registos da FHO relativos à URSS para microfilmes e colocou os filmes em cilindros de aço selados que depois enterrou nos Alpes Austríacos. Após algumas semanas de detenção nas mãos do CIC, contactou o General americano Edwin Luther Siber, a quem revelou o seu segredo. Siber ficou tão impressionado que assumiu a proteção da carreira de Gehlen nos anos seguintes. Apresentou-o aos mais altos funcionários da inteligência dos EUA, incluindo o General Walter Bedell Smith, que era então o chefe dos Serviços Secretos Militares dos EUA na Europa chefiando depois a CIA entre 1950 e 1953. Siber também apresentou Gehlen ao General William Donovan, chefe do Gabinete de Serviços Estratégicos, o serviço secreto competente em caso de guerra, bem como aos seus agentes Allen Dulles, futuro director da CIA, e Frank Wisner, futuro chefe do Gabinete de Coordenação, OPC, da Agência encarregada de estabelecer a rede stay-behind na Europa. [8]

Com a ajuda de Gehlen, os Estados Unidos conseguiram encontrar os microfilmes enterrados na Áustria e, em agosto de 1945, Siber enviou Gehlen e seus registros a Washington para um “débriefing”- uma compreensão do todo. O presidente Truman também ficou muito impressionado, a ponto de nomear Gehlen e muitos dos seus colaboradores para chefiar o primeiro Serviço de Informações, ou seja, o Serviço de Inteligência ou Serviço Secreto alemão do pós-guerra, denominado Organização Gehlen (ORG). “No final”, concluiu Simpson, “Gehlen e várias centenas de altos oficiais alemães conseguiram chegar a um acordo com os britânicos e americanos (…) O General Gehlen, no entanto, estabeleceu-se como o mais importante deles. “[9] Com o apoio financeiro e material dos Estados Unidos, a sede da ORG, Organização Gehlen, foi estabelecida pela primeira vez em Oberursel, não muito longe de Frankfurt, antes de se mudar para Pullach, perto de Munique, em um antigo centro de treinamento da Waffen-SS, que ainda abriga o Bundesnachrichtendienst (BND), o atual Serviço de Inteligência alemão. No âmbito de acordos secretos de cooperação celebrados entre a CIA e a organização, o agente James Critchfield foi enviado para a Alemanha. Apelidado de” Herr Marschall ” pelos alemães, Critchfield supervisionou o trabalho dos serviços de Gehlen, garantindo constantemente que os nomes dos 150 principais agentes da organização fossem comunicados a ele. Para cada um deles, a CIA constituiu um dossiê, de modo que o serviço de inteligência Alemão permaneceu sob controle dos EUA.

Erhard Dabringhaus, que colaborou com o CIC na Alemanha em 1948 e 1949, testemunhou num documentário dedicado ao Gladio que ele próprio tinha participado no recrutamento de antigos nazis, embora desaprovasse fortemente esta prática. “Em 1948, eu era um agente especial do CIC, nosso serviço de contrainteligência na Alemanha ocupada”, explicou Dabringhaus. “Eu estava estacionado em Augsberg e desde que eu falava a língua fluentemente, foi-me confiada a gestão de uma rede de informantes alemães da qual Klaus Barbie fazia parte e Klaus Barbie era, uh … Descobri mais tarde que ele era procurado por assassinato pelos franceses e disse isso aos meus superiores, que me disseram para não fazer ondas: “Ele ainda é útil para nós por enquanto. Assim que não tivermos mais nada importante vindo dele entregá-lo-emos aos franceses.” Eu pensei que mereceria uma promoção por contar a eles sobre Klaus Barbie mas eles apenas me disseram simplesmente … “de la boucler !” [10]

Gunther Bernau

O ex-agente do CIC Dabringhaus, que agora vive na Flórida, explicou então como os ex-nazistas criaram esconderijos de armas que deveriam continuar na Europa – “stay behind. Isso sob ordens dos Estados Unidos. “O coronel Gunther Bernau era um agente, um informante que trabalhava para a inteligência militar em Stuttgart. Nós [o CIC] tínhamos-lhe fornecido alojamento, uma casa segura em Ludwigsburg, onde nos reuníamos três vezes por semana para que ele pudesse enviar-me informações sobre os comunistas. Ele ensinou- nos tudo o que queríamos saber. “O objetivo dos Estados Unidos era combater o comunismo a qualquer custo”, lembra Dabringhaus, embora ele próprio não tenha ficado realmente impressionado com o Gunther -Bernau: “ele foi certamente muito influente durante a época do Nazismo. Um dia, sentei-me em seu escritório e folheei um álbum de fotos do tempo da guerra. Uma delas era um magnífico retrato de Adolf Hitler. Ele recebia visitas de altos oficiais da de então Waffen-SS em sua casa em Ludwigsburg. Ele me disse que, se precisasse de ajuda, ele poderia entrar em contato com 200 ex-funcionários da SS de Hamburgo a Munique com um simples telefonema.”

Segundo Dabringhaus, Gunther Bernau esteve muito envolvido na criação do exército secreto alemão: “lembro-me que uma vez me levou a um local específico onde cavamos e descobrimos espingardas, revólveres e granadas, tudo cuidadosamente embalado e disse-me: “temos milhares como este em todo o país.”Isso me preocupou um pouco, então relatei aos meus superiores que responderam: “estamos cientes disso. Todos trabalham para nós, no caso de os comunistas atravessarem a cortina de ferro.”Os altos funcionários dos EUA, fiéis ao seu princípio de máxima confidencialidade, não informaram o agente da CIC, Dabringhaus, dos detalhes do exército de permanência, stay-behind, mas ele aprendeu o suficiente para entender que era um projeto ultrassecreto envolvendo um grande número de nazistas: “um ex-general, um general da SS, Paul Hauser, visitava regularmente Gunther Bernau. Os dois homens trabalharam juntos em alguns projectos dos quais não sabíamos absolutamente nada e nem sequer me pediram para tentar descobrir mais. Imagino que alguém na minha hierarquia já estivesse a executar todas as operações. [11] “

Quando o escândalo Gladio eclodiu em 1990, um ex-funcionário da inteligência da OTAN explicou sob condição de anonimato que, para construir o exército secreto alemão, o departamento de operações especiais da CIA chefiado por Frank Wisner havia literalmente “anexado o serviço de espionagem de Hitler comandado por Reinhard Gehlen. Sabemos disso com toda a certeza porque Gehlen foi o pai espiritual da rede stay-behind na Alemanha, o seu papel era perfeitamente conhecido pelo Chanceler Konrad Adenauer desde o início. Ainda segundo a fonte anónima da NATO, o Presidente Truman e o Chanceler Adenauer tinham “assinado um protocolo secreto na altura da adesão da RFA, República Federativa da Alemanha, a Aliança Atlântica em maio de 1955, protocolo segundo o qual as autoridades da Alemanha Ocidental se absteriam de qualquer processo judicial contra reconhecidos apoiantes da extrema direita. O que é menos conhecido é que outras figuras políticas alemãs proeminentes também foram informadas da existência desses planos de resistência. Um deles não era outro senão o Ministro dos Negócios Estrangeiros alemão na altura, o ex-dignitário nazi Hans Globke.” [12]

Em 1952 uma dessas redes foi descoberta na Alemanha, construída pelos Estados Unidos e em grande parte composta por nazistas, o “Bund Deutscher Jugend” (BDJ) e seu ramo de permanência, stay-behind, o “Technischer Dienst” (TD).

Klaus Barbie contribuiu activamente para a criação do BDJ-TD, “Bund Deutscher Jugend” e o “Technischer Dienst” [13]

Entretanto, o segredo foi rapidamente divulgado em uma edição de 10 de outubro de 1952, sob um título ambíguo:- “sabotadores alemães traem a confiança dos americanos. Abriu-se uma vasta investigação na sequência dos acontecimentos para a confirmação de financiamentos para formação de guerrilhas”. O New York Times informou que “fontes bem informadas tinham confirmado que os EUA financiavam e apoiavam a formação clandestina de jovens alemães, muitos deles ex-soldados, a fim de treiná-los para operações de guerrilha em caso de guerra contra a URSS. “As revelações feitas [ontem] no Parlamento Regional de Hesse e as manchetes exibidas nos jornais alemães [de hoje] causaram considerável embaraço ao Departamento do Estado e ao Pentágono”, sobretudo porque “foi descoberto que os grupos que deveriam realizar essas operações de guerrilha se envolveram em batalhas políticas. Seus líderes (…) elaboraram listas negras de cidadãos a “serem assassinados”, aqueles cuja fiabilidade poderia ser posta em dúvida numa guerra contra os russos. “Foram organizadas várias reuniões entre representantes alemães e americanos”, porque “os socialistas, incluindo alguns membros do governo, estavam na lista ao lado dos comunistas”.

Esta descoberta precoce de uma parte da retaguarda alemã stay-behind causou um grande escândalo em ambos os lados do Atlântico. Nos EUA, a Newsweek anunciou em 20 de outubro de 1952 que a CIA havia organizado um grupo de “retaguarda secreta”, stay-behind, na Alemanha. No dia 29, o semanário Der Spiegel assinalou, com razão, que tais redes de retaguarda secreta também existiam em muitos outros países da Europa Ocidental: “o caso BDJ, “Bund Deutscher Jugend” causou grande preocupação nos vários ramos dos serviços secretos dos EUA na Europa. Com efeito, o TD, “Technischer Dienst” alemão é apenas um dos ramos de uma rede de “partisans” [guerrilheiros, francoatiradores] apoiados pelos Estados Unidos e que se estende por toda a Europa. ” LeSpiegel chegou a especificar que “esta rede estava bem estabelecida na França, Bélgica, Países Baixos, Luxemburgo, Itália e Península Ibérica. Na França, a organização tinha sido criada em 1948 sob o impulso do [ministro do interior] o socialista Jules Moch.”

O que houve? O que foi que houve? Como foi revelado o segredo? Em 9 de setembro de 1952, o ex-oficial da SS Hans Otto foi voluntariamente ao quartel-general da polícia criminal em Frankfurt, no estado de Hesse, onde declarou, segundo os arquivos do governo alemão, “pertencer a um grupo de resistência política cuja missão era realizar atos de sabotagem e explodir pontes em caso de invasão soviética”. Segundo Hans Otto, que não estava satisfeito com as atividades terroristas, “cerca de cem membros da organização receberam treinamento ideológico, aprenderam a usar armas de fabricação americana, russa e alemã e foram treinados em táticas militares. A maioria desses homens eram ex-oficiais da Luftwaffe, da Wehrmacht ou da Waffen-SS.”Podemos ler na transcrição dessas confissões: “embora oficialmente não fosse necessário exibir opiniões neofascistas, a maioria dos membros fazia parte dessa tendência. Os meios financeiros da organização foram fornecidos por um cidadão americano chamado Sterling Garwood. Hans Otto também revelou que, na expectativa de uma invasão soviética, o exército secreto alemão também estava envolvido em atos de subversão em território nacional. “Em termos de política interna, a estratégia da organização visava o KPD [o Partido Comunista Alemão] e o SPD [o Partido Social Democrata]”. [14]

A “organização” a que Hans Otto se referia estava integrada na rede alemã stay-behind, mas não representava toda a rede, mesmo naquela época. O ramo tinha tomado o nome enganoso de “Bund Deutscher Jugend”, BDJ, as iniciais da União Alemã da Juventude, enquanto a idade média dos seus membros era de cerca de 42 anos. Muito antes do testemunho de Hans Otto, o movimento já era conhecido por seu anticomunismo radical. Mas o que não sabíamos até então era que o BDJ havia servido de cobertura para o Technischer Dienst (TD, Serviço Técnico), uma rede paramilitar ultrassecreta composta por ex-nazistas, financiada pelos Estados Unidos e equipada com armas e explosivos. De acordo com as estatísticas alemãs, o BDJ, que se estendia por toda a RFA (República Federativa da Alemanha], teria contado oficialmente com até 17.000 membros, enquanto, de acordo com uma pesquisa do governo federal, o número de TD não teria ultrapassado 2.000 indivíduos. [15]

O testemunho de Hans Otto em 1952 deu origem a uma extensa investigação policial. Isto permitiu localizar o centro de formação da rede stay-behind nos arredores de Waldmichelbach, uma pequena aldeia pitoresca no coração da floresta de Odenwald, ela própria localizada no Estado de Hesse. Este centro só tinha ficado operacional no começo de junho de 1951. Antes dessa data, a formação de Gladiadores alemães, elementos da operação Gladio então, tinha tido lugar na base militar dos EUA em Grafenwör, na Alemanha. [16] Apelidado de “Wamiba” pelos seus frequentadores, o acampamento consistia principalmente de um edifício, um campo de tiro subterrâneo e um bunker construído nas proximidades. Todos localizados na encosta de uma montanha, fora das vistas, a 500 metros da estrada mais próxima. Os aldeões lembram-se”de que os americanos se dedicavam regularmente a exercícios de tiro, ou qualquer coisa de semelhante”. [17]

Hans Otto revelou às autoridades alemãs que os contactos entre o BDJ-TD e a CIA eram feitos principalmente através do misterioso Sr. Garwood. Este homem, provavelmente um agente da CIA, treinava regularmente os membros do TD o Serviço Técnico da BDJ, na floresta de Odenwald insistindo na natureza ultra-secreta da rede do stay-behind e no facto de não ser necessário, sob qualquer pretexto, contar a ninguém sobre isso. Parece que estas instruções foram levadas muito a sério. De facto, quando um membro do TD de outra região, a Baviera, foi suspeito de “ter preenchido um formulário de adesão para uma outra organização de resistência”, a sua eliminação foi considerada muito seriamente no âmbito do Technischer Dienst, disse Hans Otto sem esconder sua própria repulsa. [18] “Não tenho a sensação de que esses métodos representassem qualquer problema para o Sr. Garwood. “Ele nos ensinou, por exemplo, a matar sem deixar vestígios, simplesmente colocando a vítima para dormir com clorofórmio, depois sentando-a em seu carro e reintroduzindo os gases de escape no compartimento de passageiros por meio de um tubo. Ele também nos ensinou a usar a violência durante os interrogatórios, sem deixar vestígios”. Hans Otto evocou sua iniciação aos métodos de tortura: “comece vendando os olhos da pessoa a ser interrogada. Grelhe um pouco de carne na sala e aplique um pedaço de gelo em algumas partes do corpo. O contacto do gelo, combinado com o cheiro da carne, dar-lhe-á a impressão de que está a ser queimada com um ferro vermelho. » [19]

Hans Otto especificou que a Garwood tinha fornecido os fundos e a maior parte do equipamento. No total, cerca de 130 homens, a maioria ex-nazis, passaram pelo centro de Wamiba para serem treinados em métodos de interrogatório, manipulação de armas, explosivos, técnicas de emboscada, assassinato, bem como métodos de comunicação por rádio. Otto abordou também a questão raramente debatida, mas não menos essencial, da capacidade dos combatentes remanescentes de manter seus postos no caso de uma invasão soviética. Do ponto de vista da estratégia militar, é óbvio que as possibilidades de sobrevivência a longo prazo de uma rede de retaguarda secreta, como a stay-behind num contexto de ocupação, e ainda mais de ocupação soviética, seriam extremamente reduzidas. Os oficiais nazis do TD, que tinham experimentado a guerra, estavam perfeitamente conscientes disso e Hans Otto sublinhou que a maioria deles não estava entusiasmada com a ideia de ficar atrás das linhas inimigas na tentativa de sobreviver a uma ocupação soviética. “A ideia dos americanos era que todos os membros se deixassem ultrapassar [passar para o lado dos?] pelos soviéticos para depois serem usados como partidários. Mas Peters [o atual chefe do TD] nunca poderia ter realizado esse plano, porque no caso de uma invasão dos russos, todos os agentes da organização teriam procurado, a todo custo, mudar-se para o Ocidente.» [20] – [observe-se aqui que a Alemanha do após guerra estava sob o controle dos aliados, dividida em 4 zonas:- americana, inglesesa, soviética e francesa, ou seja, zonas ocidentais e orientais]

Em 13 de setembro de 1952, dois dias depois de Hans Otto ter completado seu testemunho, a base de retaguarda stay-behind em Wamiba foi invadida e fechada pela polícia alemã. Os escritórios e as casas dos membros do TD também foram revistados e selados para fins de investigação. Os agentes da retaguarda stay-behind foram detidos. Armas, explosivos e munições foram apreendidos com toda a documentação da organização. Um dos ficheiros revelou-se particularmente interessante. Os investigadores ficaram surpresos ao descobrir a identidade das pessoas a serem assassinadas na “Hora H.” “A lista de proscrições contém os nomes dos indivíduos a serem assassinados. A lista está incompleta porque ainda está em fase de desenvolvimento”, o documento também especificava a identidade do agente responsável pela compilação desta lista para a região de Hesse: Hans Breitkopf. [21] . Otto Rietdorf, o agente da DT que sugeriu a expressão “lista de proscrições”, explicou que tinha”encontrado o termo “proscrições” na documentação soviética, em que essa designava disposições tomadas/a serem tomadas contra o Ocidente. No sentido soviético, são pessoas que precisam de ser cuidadas. Parece-me que não hvia dúvidas quanto ao que se entendia por isso na União Soviética. Rietdorf acrescentou que a CIA tinha sido informada desta operação. “o Sr. Garwood estava perfeitamente ciente de tudo isto”. Hans Otto também confirmou que esses “relatórios e arquivos individuais tinham sido comunicados aos americanos pelo BDJ e pelo TD”. O homem que estava a recolher esta informação para Washington era aparentemente um certo “Dr. Walter”, e mais uma vez ainda o Sr. Garwood. A investigação oficial alemã sobre este exército secreto, primeira versão, concluiu com solenidade e extrema precisão: “de acordo com este testemunho, o uso de violência contra alvos internos foi planejado no caso de uma “Hora H” . [22] Não foi estabelecido se “Hora H” significava apenas o dia de uma invasão ou se se aplicava a outras ocasiões, como levantes populares ou uma vitória maciça da esquerda nas eleições.

A lista de proscrições dos Gladiadores [elementos da atual denominada “Operação Gladio”] continha um grande número de comunistas alemães reconhecidos, bem como socialistas moderados, incluindo muitos políticos proeminentes da época, como Heinrich Zinnkann, Ministro Socialista do Interior na região de Hesse, Hans Jahn, presidente da União Ferroviária Alemã, Emil Carlebach, repórter do Frankfurter Rundschau, e muitos outros. O jornalista Leo Müller especialista em Gladio relata que após a descoberta das listas de proscrição, “a surpresa foi tal que as primeiras reações foram tingidas de esquepticismo”. [23] “Os líderes do TD e do BDJ fizeram do assassinato de políticos alemães considerada “esquerdista” uma das suas prioridades no caso de uma ofensiva soviética”, concluiu o historiador americano Christopher Simpson. “Para o Technischer Dienst, os comunistas alemães estavam, naturalmente, no topo da lista de homens a serem abatidos. Depois vieram os representantes mais proeminentes do SPD da Alemanha Ocidental. O TD planejava assassinar mais de 40 altos funcionários do Partido Social Democrata, entre eles Erich Ollenhauer, que estava à frente do partido desde 1952. Simpson descobriu que os Estados Unidos não confiavam na esquerda Alemã e, portanto, treinavam os agentes secretos do BDJ, instruíndo-os “a infiltrar-se no SPD e espionar os líderes do partido para poder eliminá-los mais rapidamente quando chegasse a hora”. [24]

É fácil compreender que a terra de Hesse não podia admitir que a Casa Branca tivesse assim treinado e equipado com o maior segredo os neonazistas alemães equipados com listas de homens a serem fuzilados, ou assassinados e isso contra alguns dos cidadãos mais respeitáveis do país. A capital regional Frankfurt foi, portanto, palco de debates particularmente acalorados. As relações diplomáticas entre os EUA e a RFA, República Federativa da Alemanha, já muito delicadas no rescaldo da guerra, deterioraram-se consideravelmente e as conversações que se seguiram entre funcionários americanos e alemães foram particularmente tensas. O chanceler Konrad Adenauer fingiu ignorar tudo sobre o caso, enquanto os americanos, por sua vez, tentaram limitar os danos. Donnelly, o Embaixador dos EUA em Bonn, explicou que a organização tinha sido criada no contexto da Guerra da Coreia, acrescentando que a rede deve de qualquer forma ser dissolvida nos próximos meses e isso, independentemente do testemunho de Hans Otto. Além disso, os pagamentos já tinham sido interrompidos em agosto de 1952. Isto foi, naturalmente, um absurdo e os membros do TD apressaram-se a testemunhar que tinham, de facto, recebido financiamento até setembro.

Tratava-se de um certo Paul Lüth, um alto funcionário do BDJ-TD, intermediário entre este e a CIA, que controlava os fluxos de dinheiro provenientes dos EUA, como revelou o inquérito. [25] Lüth encontrava-se regularmente com os americanos a quem prestava contas e, quando se tratava de questões delicadas, sempre produzia quatro duplicatas dos relatórios escritos que entregava à CIA. [26] Quando a retaguarda stay-behind alemã foi descoberta, Lüth foi escondido pelos americanos. Dessa maneira ele conseguiu escapar a justiça e desaparecer sem deixar vestígios. Erhard Peters, ex-colega de Lüth, também ocupou posições de destaque no exército secreto. O homem foi nomeado chefe do Technischer Dienst por causa de suas habilidades em comunicações de rádio e operações de guerrilha. Ele apreciou que a rede fosse chamada de “organização Peters” e, como que para estabelecer seu status, ele havia comprado uma Mercedes 170 V, assim como uma BMW conversível.

Quando a cobertura de seu exército secreto foi perfurada, Peters também não foi preso porque confiou “na proteção dos americanos”, de acordo com os Termos do relatório de investigação. Mais tarde, apareceu novamente perante a polícia alemã depois de ter “dado aos americanos a sua palavra de honra de que nada revelaria”. Segundo o seu próprio testemunho, a Casa Branca ofereceu a ele e a outros nazis comprometidos no escândalo da DT a oportunidade de emigrarem para os Estados Unidos, mas que ele tinha recusado a proposta. [27] Perante a polícia Peters admitiu ter queimado numerosos ficheiros contendo relatórios sobre as actividades da TD destinadas aos Estados Unidos.

Georg August Zinn (1901-1976). Socialista alemão, foi um dos pais da Constituição da RFA, República Federativa Alemã. Presidiu o land de Hesse (1950-69) e o Bundesrat (1953-54 e 1964-65). Em 1952, revelou precisamente a existência do Gladio alemão e tentou proibi-lo.

Para os alemães, o escândalo ligado ao BDJ-TD não foi apenas regional, tornou-se um assunto de Estado. Mas se Frankfurt esperava o apoio da capital Bonn, não demorou muito para que ela se desencantasse. Após longas conversas com os americanos, os principais funcionários da CDU e o governo conservador de Adenauer tentaram sufocar o caso e conter as investigações. Em 30 de setembro de 1952, o Supremo Tribunal de Karlsruhe pronunciou a libertação de todos os membros da rede TD que haviam sido presos sem nem mesmo consultar ou informar a polícia de Frankfurt. Isso causou um verdadeiro alvoroço entre a população. Os Gladiadores foram, portanto, libertados, enquanto os dois procuradores que tinham pronunciado esta decisão questionável, Schrübbers e Wagner, receberam uma promoção. O primeiro-ministro do Land/região de Hesse, August Zinn, comentou com raiva: “a única explicação legal para esta libertação é que pode ter sido julgado em Karlsruhe [no Supremo Tribunal] que eles agiram sob a direção dos americanos”. [28]

Zinn ficou tão furioso que decidiu levar o caso ao Parlamento Federal, apesar da forte pressão exercida pelos Estados Unidos para dissuadi-lo. Assim, em 8 de outubro de 1952, o público em geral e a imprensa, na Alemanha e no exterior, souberam pela primeira vez da existência de exércitos nazistas remanescentes financiados pelos EUA. “Sr. o Presidente, Senhoras e Senhores Deputados”, declarou Zinn ao Parlamento, “após a entrevista que tive no passado dia 3 de outubro em Frankfurt com o Chanceler Adenauer e após a discussão que acabei de ter esta manhã no meu gabinete com o Sr. Reeber em representação do Alto Comissariado Americano, devo informar a Câmara dos Deputados dos seguintes factos: em 9 de setembro de 1952 a polícia criminal alemã soube da existência de uma organização secreta criada em 1950-1951 pelos líderes do BDJ e batizada de TD, “Technischer Dienst.” ” Zinn continuou diante de uma audiência perplexa: “a organização foi concebida como um movimento de resistência armada com um propósito político, formado com o consentimento e a cooperação do Presidente do BDJ Paul Lüth. Gerhard Peters sendo o chefe desta organização. “Pela primeira vez, os políticos descobriram a existência de um exército secreto. Zinn informou – os de que: “esta secção TD do BDJ tinha a missão de constituir um exército de guerrilheiros que, de acordo com os planos iniciais, deveria permanecer atrás das linhas inimigas em caso de invasão soviética, a fim de realizar actos de sabotagem em território ocupado, como a explosão de pontes ou o ataque de campos”.

Após esta descrição sumária das características típicas de uma rede de retaguarda stay-behind, Zinn mencionou o apoio prestado pelos Estados Unidos e a dimensão nacional do exército secreto: “de acordo com o testemunho de uma pessoa diretamente envolvida e o equipamento que poderia ser apreendido, a organização tinha como alvos, dentro de nossas fronteiras, o KPD e especialmente o SPD. A descoberta da organização deu imediatamente origem a prisões e apreensões de documentos em 18 de setembro de 1952”, anunciou o primeiro-ministro Zinn. “Mas, em 1 de outubro, a Suprema Corte ordenou que os suspeitos fossem libertados sob o pretexto de que o exército secreto havia sido construído sob as ordens de várias agências americanas”. A ata da sessão parlamentar relata então um burburinho na sala e gritos lançados pelos deputados: “Ouçam! Ouçam! “ou” incrível! ». Quando a audiência se acalmou, Zinn continuou: “de acordo com o testemunho de um alto funcionário da TD, os assassinatos haviam sido planejados”, após o que a agitação recomeçou, alguns deputados clamando aos seus colegas: “Ouçam! Ouçam! E agora está a começar de novo! Zinn continuou: “foi criado um centro de formação em Waldmichelbach, na floresta de Odenwald (…) Os membros da organização eram em sua maioria ex-oficiais da Luftwaffe, da Wehrmacht e da SS”. A agitação ganhou mais uma vez as fileiras do Parlamento, todos os membros dos quais tinham experimentado a Segunda Guerra Mundial. Gritavam agora: “Ouviste? Inacreditável! »

Zinn explicou que os agentes tinham entre 35 e 50 anos e que “a organização tinha um financiamento considerável, os documentos apreendidos sugerem que o seu orçamento mensal era de cerca de 50.000 Marcos”. Ao ouvir isso, um deputado exclamou: “de onde veio o dinheiro? Zinn respondeu que ” o dinheiro aparentemente chegou à TD por transferências fraudulentas de uma agência americana “e acrescentou que” a mesma organização também estava encarregada de uma missão interna (…) De acordo com o testemunho de um dos seus dirigentes, teve de proceder à eliminação de indivíduos “suspeitos” quando chegasse a Hora H”, O que provocou novas reacções no seio da assembleia onde se ouviam vozes exclamando “assassinatos assim! Inacreditável! “Perfeitamente consciente do verdadeiro choque causado por suas revelações, Zinn continuou no mesmo tom solene:” sobre este assunto, deve-se notar que 15 folhas continham os nomes dos comunistas, enquanto nada menos que 80 páginas foram apreendidas sobre personalidades da Social-Democracia (…) o ministro Social-Democrata do interior do Land de Hesse Heinrich Zinnkann era suspeito de manter ligações com os comunistas”, para além das críticas, esta última declaração também provocou escárnios entre os deputados. “De acordo com alguns testemunhos, muitos documentos confidenciais foram destruídos, outros foram apreendidos por um representante das autoridades americanas e, portanto, agora estão inacessíveis. O dinheiro e as armas foram fornecidos por um americano que também supervisionou o treinamento”, após o que uma nova onda de protestos tomou conta da Assembleia.

Mas Zinn ainda não estava no final de suas declarações:”o que é importante perceber é que no exterior, organizações clandestinas semelhantes serviram de base para atividades ilegais perpetradas em território nacional, esta é uma experiência que já vivemos, há 30 anos neste país e parece que esta organização se encaixa neste modelo”. Esta denúncia sem reservas suscitou a aprovação dos parlamentares, que exclamaram: “É verdade! Isso mesmo! Zinn continuou. “Esta manhã, Sr. Reeber, representando os EUA, concordou comigo que estes tipos de organizações constituem o fermento do estabelecimento do terror no país, (…) expressou os seus mais profundos arrependimentos e condenou veementemente a existência de tal rede (…) Assegurou-me a sua plena cooperação, a fim de lançar luz sobre este caso e identificar todas as suas ramificações para evitar que tal fenómeno se repita no futuro. » [29]

Naturalmente que o Gladio alemão não foi desmantelado por tudo isso, como provaram as revelações de 1990. Os vestígios foram simplesmente maquilados na medida do possível. Em outubro de 1952, o ex – Alto Comissário McCloy deixou claro que os Estados Unidos não estavam em processo de rearmamento dos nazis: “durante todos os anos que passei na Alemanha, os nossos objectivos e os nossos esforços sempre visaram a consolidação das forças democráticas e a luta contra os comunistas, mas também contra os neo e pró-nazis”. McCloy sublinhou que ” é, portanto, inconcebível que um funcionário americano possa ter apoiado acções como as descritas pelo Primeiro-Ministro Zinn. Isto deve ser expresso claramente, em nome da verdade e da amizade. “[30] Apesar destas belas palavras, o Parlamento de Hesse instruiu o Ministro do interior do Land, ou seja, da região a investigar em profundidade o fenómeno. Em 1953, este último apresentou as suas conclusões sob a forma de um imponente relatório de três volumes. [31]

Quarenta anos depois dos acontecimentos, o antigo agente da CIA Thomas Polgar, que se tinha reformado em 1981 após 30 anos a serviço da Agência, ainda se lembrava muito bem do caso do Gladio Alemão. Com efeito, o homem tinha estado estacionado na Alemanha no início da década de 1950 e, no início da década de 1970, tinha sido novamente designado para substituir Ray Cline à frente do ramo alemão da CIA. “O” Bund Deutscher Jugend “era uma organização política de direita vagamente filiada a um dos partidos do Land de Hesse, na Alemanha, e composta por homens motivados e decididos a contribuir para a resistência clandestina em caso de ocupação de todo ou parte do território da RFA, República Federativa da Alemanha, pelo Exército Vermelho”, testemunhou durante a década de 1990. “Quando o caso estourou, houve um exagero considerável e considerou-se que o General Truscott [do Exército dos Estados Unidos] deveria explicar pessoalmente aos elementos envolvidos o que havia acontecido. Então explicamos primeiro a situação ao chanceler alemão Konrad Adenauer. “Como vimos, isso não foi suficiente para acalmar a situação. “Falamos então com o General Matthew Ridgeway, que era o comandante-em-chefe das forças da NATO e, finalmente, com o primeiro-ministro de Hesse, Georg Zinn que, como dito acima, estava “na lista”. Truscott explicou-lhe que se tratava de uma actividade ilegal, mas, afinal de contas, apenas um exercício em papel, de que desconhecia, e que de modo algum deveria ser interpretado como um sinal de um questionamento da confiança que depositámos no Primeiro-Ministro Zinn. » [32]

Dieter von Glahn, Antigo Gladiador, fundou uma ordem de Templários.

Na sequência das revelações de 1990, Dieter von Glahn confirmou que não existiam apenas células de retaguarda em Hesse, mas também noutras células alemãs. – “Nossa missão e nossa organização eram idênticas ao que conhecemos hoje como Gladio” -explicou. [33] Glahn, de carácter ambíguo no meio anticomunista alemão. Dieter Glahn tinha escapado de um campo de prisioneiros soviéticos durante a segunda guerra mundial e após o armistício, ele juntou-se ao exército secreto stay-behind, entrando no BDJ-TD em Bremen, no norte da Alemanha. “Na época da Guerra da Coreia”, explicou em sua autobiografia publicada em 1994,”os americanos estavam muito preocupados em ver a mesma situação acontecer na Alemanha”. É por isso que ” eles decidiram recrutar e formar uma unidade alemã confiável em preparação para uma eventual “Hora H”, ou seja, preparação a uma eventual Invasão da Alemanha pelo Exército Vermelho. A unidade teve que ser treinada com armas americanas, ter seus próprios esconderijos de armas e ir para a clandestinidade em caso de ofensiva. Glahn lembrou que ” o BDJ era apenas uma cobertura, uma espécie de vitrine legal da organização anticomunista. O ramo clandestino Technischer Dienst, ou” organização Peters”, como às vezes era chamado seu diretor, constituía a verdadeira unidade de combate ” e estava presente em grande parte do território nacional. “O TD tornou-se, portanto, um componente essencial da defesa anti-soviética germano-americana. Os americanos estavam interessados principalmente nos antigos elementos do exército alemão”, do qual ele próprio fazia precisamente parte. “Como não escondi as minhas posições anticomunistas, fui recrutado. Por isso, fui oficialmente o chefe do BDJ para a cidade de Oldenburg, na Frísia Oriental. Não oficialmente, dirigi o TD sobre toda a zona de Oldenburg-Bremen-Frísia Oriental [no noroeste da Alemanha]. » [34]

É com algum orgulho que Glahn relata nas suas memórias que o “FBI” alemão, o Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV), conhecia e cobria as actividades das redes de retaguarda stay-behind. “Trabalhei em estreita colaboração com Neubert da BfV”. Glahn evoca a luta anticomunista em que ambos estavam envolvidos: “à noite, saíamos regularmente para colar cartazes e cobrir então os cartazes dos comunistas (…) denunciámos também as ligações que alguns empresários mantinham com os comunistas. Isso muitas vezes deu origem a confrontos violentos. Foi nessa altura que “fundei muitas secções do BDJ no meu sector”, com a ajuda da CIA, que treinava recrutas no campo de Waldmichelbach e na base dos EUA em Grafenwör. “Eu próprio participei várias vezes nestas formações. Os homens, que usavam um uniforme americano de cor acastanhada e só podiam chamar-se uns aos outros pelo primeiro nome, vieram de toda a Alemanha, mas não foram obrigados a revelar o local de onde vieram. Durante quatro semanas, ficámos completamente isolados do mundo exterior. “Os Gladiadores estavam passando por” treinamento intensivo em preparação para uma “Hora H”. Naquela época, os americanos estavam montando esconderijos de armas em todo o território da RFA. No meu sector, apenas o meu deputado e eu sabíamos a localização exacta do esconderijo de armas (…) Elas estavam enterradas no fundo de uma pequena floresta. » [35]

A rede alemã de retaguarda stay-behind não foi a única a beneficiar da protecção da poderosa CIA: graças a ela, o serviço de inteligência ORG e seu pessoal também conseguiram fazer face às descobertas de 1952 sem grandes problemas. O General Reinhard Gehlen permaneceu no cargo e, em 1956, a” organização Gehlen “mudou o seu nome para” Bundesnachrichtendienst ” (BND). Quando perguntaram ao Director da CIA, Allen Dulles, se não se sentia envergonhado por ter colaborado com o Nazi Gehlen desta forma, respondeu: “Não sei se é um canalha. Sabe, há muito poucos Santos no mundo da espionagem (…) Além disso, não estamos aqui para fazer amigos. “[36] além disso, só quando o Governo federal do Chanceler conservador Kurt Georg Kiesinger e do Vice-Chanceler Social-Democrata e Ministro dos Negócios Estrangeiros Willy Brandt começaram a duvidar do seu serviço secreto, é que o BND foi pela primeira vez objecto de uma verdadeira investigação mais aprofundada.

O” relatório Mercker”, que foi então redigido, constituiu “um documento tão condenatório para o BND, a tal ponto que ainda hoje permanece confidencial”, pelo menos foi o que a imprensa alemã noticiou em 1995. “Sua conclusão edificante sobre o BND: – essa é uma organização corrupta”. [37] Reinhard Gehlen, que foi directamente alvo da investigação do governo, nem sequer foi autorizado a ler o relatório. Ao ler o documento, os social-democratas, que, pela primeira vez desde a guerra, acabavam de entrar no governo na pessoa de Willy Brandt, ficaram tão envergonhados com a presença dos nazis nas esferas do alto executivo que imediatamente demitiram Gehlen. Depois de mais de 20 anos à frente do serviço de inteligência alemão, ele foi demitido no dia do trabalho, 1 de Maio de 1968. Para não ofender A Casa Branca, Gerhard Wessel foi escolhido como seu sucessor. Ele tinha servido como anexo militar da RFA em Washington depois de 1945 mantendo excelentes relações com a CIA e o comando de segurança nacional dos EUA.

Desconhece-se se o relatório Mercker classificado como confidencial continha informações sobre as actividades de retaguarda stay-behind da ORG e da BND; no entanto, é isso que os elementos de prova descobertos durante as investigações realizadas em 1990 parecem indicar. De acordo com o breve relatório elaborado pelo governo alemão sobre a BND e a sua rede stay-behind em dezembro de 1990, teria sido previsto um quadro jurídico para as actividades da rede subterrânea em dezembro de 1968, ou seja, apenas alguns meses após a publicação do relatório Mercker: “em dezembro de 1968, o chefe da Chancelaria federal tinha explicitamente mencionado no artigo 16 das “directivas Gerais para a BND”, que era necessário empreender preparativos de defesa”. Parece que o governo da época decidiu continuar a operação da retaguarda stay-behind, mas com bases legais desta vez: “a diretiva afirma: ‘o BND está realizando os preparativos e o planejamento necessários para a defesa, as questões gerais sendo acordadas com o chefe da Chancelaria federal’ “. [38] em 1990, o jornalista especializado em Gladio Leo Müller perguntou-se: “qual seria a lógica antidemocrática ainda subjacente a nova retaguarda stay-behind dos serviços secretos alemães, descoberta em 1990…” [39]

Teria a saída de Gehlen e a adopção da nova lei enfraquecido o domínio da CIA sobre as redes alemãs? Isso ainda precisa ser estabelecido. O ex-Gladiador Glahn deixa claro em seu livro que a agência dos EUA manteve o controle até os últimos momentos: “eu deliberadamente escrevo” serviços secretos”no plural porque mais tarde nos fundimos com a organização Gehlen sob as ordens dos americanos”. Segundo Glahn, embora Gehlen fosse o homem-chave da rede alemã de stay-behind, o comando permaneceu nas mãos dos Estados Unidos: “esta organização tinha tomado o nome do seu fundador, General Gehlen (…) Ele havia estabelecido um excelente quartel-general de inteligência em Pullach, perto de Munique (…) O Technischer Dienst, ou TD, era uma ligação permanente com o povo da organização Gehlen. Quanto a [proverbial] Hora H, as decisões em matéria militar, no entanto, sempre recaia sobre os americanos.” [40] Quando a cobertura do exército secreto alemão essa foi destruída em 1952. Gehlen e seus colegas receberam asilo nos Estados Unidos para que pudessem escapar da justiça alemã. “Me ofereceram para fugir para os EUA, como os outros membros do TD que estavam envolvidos em uma investigação criminal. Discuti-o longamente com a minha mulher … mas finalmente decidi que não queria ser emigrante. O meu lugar era aqui na Alemanha.” [41]

Em maio de 1955, a Alemanha aderiu à NATO. Como todos os outros exércitos secretos da Europa, a rede alemã foi integrada no programa de guerra não convencional da Aliança Atlântica. O relatório oficial do governo alemão sobre a retaguarda stay-behind, escrito por Lutz Stavenhagen em 1990, confirmou que “para padronizar seus programas com o comando militar da OTAN, os Serviços de inteligência que participaram da operação criaram em 1952 o Comitê de coordenação e planejamento (Comitê de Planejamento e coordenação) ou CPC. Para coordenar a sua cooperação, criaram em 1954 o Comité de coordenação aliado (Comité de coordenação aliado) ou ACC. O governo alemão confirmou ainda que o “BND é membro regular do PCC e do ACC desde 1959”. Em uma tentativa desajeitada de limitar os danos, o relatório oficial, no entanto, afirmou falsamente que “os dois comitês de coordenação nunca foram ou fazem parte atualmente da estrutura da OTAN”, enquanto, ao mesmo tempo, a investigação parlamentar Belga revelou que o ACC e o PCC foram criados pelo SACEUR da OTAN, uma posição sistematicamente ocupada por um general dos EUA, e que eles estavam em ligação direta com a forma da OTAN. O relatório oficial alemão tentou insistir na soberania do exército secreto alemão e declarou: “o facto de o BND ter feito parte destes órgãos não exclui de forma alguma que a retaguarda stay-behind nunca tenha sido integrada na NATO e que tenha permanecido sempre o instrumento do BND. Nunca houve e não existe hoje qualquer relação de subordinação dos vários serviços de informação ao ACC e ao PCC.” [42]

“Houve cooperação bilateral, mas também multilateral, entre os vários serviços, cuja coordenação foi assegurada pelo ACC”, descreveu o relatório oficial do governo alemão sobre a dimensão internacional do exército secreto. “Entre esses parceiros estão, ao lado da Alemanha Ocidental: Bélgica, Dinamarca, França, Grã-bretanha, Itália, Luxemburgo, Noruega e Estados Unidos da América. De acordo com o relatório, esta cooperação incluiu “entre outras coisas exercícios conjuntos, a aquisição de equipamento de rádio padronizado [transmissores de arpões], a partilha de experiências de formação, o estabelecimento de terminologia de inteligência padronizada”. [43] Devido a presença de um grande número de apoiantes de extrema-direita entre eles, Stavenhagen preferiu não dar números precisos quanto ao número de Gladiadores que operaram na Alemanha durante a Guerra Fria: “no final da década de 1950, a organização tinha cerca de 75 membros permanentes”, simplesmente indicou. “O número de informantes chegou às vezes a 500. Em 1983, o stay-behind staff também foi treinado para dirigir atos de sabotagem contra o invasor e para organizar e comandar grupos de resistência em território ocupado. ” [44]

De acordo com o relatório, o governo alemão foi informado da existência do exército secreto “pouco depois de 1974 (como parte de uma apresentação geral da estratégia dos preparativos de defesa do BND). No entanto, pode presumir-se que as informações sobre os fundamentos da operação stay-behind podem ter sido filtradas muito antes desta data. “No que diz respeito ao legislativo, uma comissão do Parlamento, obrigada a respeitar certos segredos, foi confiada durante a década de 1980, quando foi necessário conceder dotações para a compra de novos equipamentos de comunicação Harpoon: “por ocasião da compra de novos transmissores de rádio, a comissão competente (Vertrauensgremium) foi informada da sua utilização pelo stay-behind”. [45] Os transmissores de rádio Harpoon foram concebidos e produzidos por ordem do ACC, o centro de comando da NATO, pela empresa alemã AEG Telefunken, uma filial do Grupo Daimler. O serviço de informações BND actuou como intermediário e adquiriu os sistemas Harpoon ao fabricante em nome do ACC, que não constaria da transacção. O BND encomendou um total de 854 Transmissores num montante de 130 milhões de Marcos. Ele manteve quase 20 milhões deles e vendeu o restante das ações para os outros exércitos remanescentes da Europa Ocidental. Tecnologia de ponta da época, o sistema Harpoon podia enviar e receber mensagens de rádio codificadas até uma distância de 6.000 km, por isso poderia fornecer a ligação entre as diferentes estadias e entre as duas margens do Atlântico. [46]

Ao longo da Guerra Fria, a Alemanha foi dividida em dois estados; uma guerra secreta foi, portanto, travada entre o BND da Alemanha Ocidental, apoiado pela CIA, e o MFS (Ministerium fur Staatssicherheitsdienst), mais comumente conhecido como Stasi, que dependia da KGB Soviética. Os dois serviços multiplicaram as missões de espionagem e as tentativas de infiltração em ambos os lados do Muro de Berlim. Estas operações foram ainda mais fáceis porque os agentes da Stasi e da BND eram todos alemães e, por conseguinte, partilhavam a mesma língua e a mesma cultura. Na sequência das suas respectivas experiências, a CIA e o MI6 apelidaram o BND de “serviço de fugas”. [47] poderíamos até ler em Der Spiegel, a primeira revista de notícias do país: “a KGB e a Stasi de Berlim Oriental poderiam facilmente ter colocado moles em posições-chave em Pullach [na sede da BND] e, assim, acessar a lista completa de seus agentes (…) O BND era apenas uma grande piada aos olhos dos seus rivais. » [48]

Jurij Iwanowitsch Drosdow, o general da KGB que se infiltrou no Gladio alemão, não sabia nada [NOTA TRADUÇAO: não conhecia/sabia nada ou não desconhecia nada? n’ignorait rien] sobre a rede de stay-behind.

Podemos, portanto, perguntar-nos legitimamente até que ponto a Stasi e, por conseguinte, Moscovo foram informadas sobre os segredos relacionados com a operação stay-behind. Tudo parece indicar que eles foram informados sobre isso já no final da década de 1970. O caso comprovado mais famoso de vazamento envolveu Heidrun Hofer, uma secretária que trabalhava no Departamento IV do BND de Munique, o departamento responsável pela gestão da rede stay-behind. A sua posição deu-lhe acesso aos documentos mais confidenciais da NATO e, em particular, aos classificados como “cósmicos”. Se ainda não sabemos a natureza exacta dos dados que ela transmitiu à Stasi e à KGB, sabemos, no entanto, que ela comunicou informações relativas a um centro de comando ultra-secreto localizado na costa atlântica e que serviria de base para o governo alemão no exílio. Por conseguinte, na sequência das indiscrições de Hofer, foi necessário reconstruir este centro noutro local, uma operação cujo custo ascendia a 100 milhões de Marcos.

Hofer revelou este segredo sem o seu conhecimento. Filha de um oficial conservador, tinha sido alvo específico da KGB, que tinha enviado um agente para a Argentina, encarregado de entrar em contacto com a comunidade Nazi exilada e de aí conquistar uma boa reputação. Quando ele voltou, ele deveria pedir a Heidrun em casamento. O pai da menina, que apreciava este “Hans” pelas suas ideias de extrema-direita, consentiu. Após o casamento,” Hans ” confidenciou a Heidrun que trabalhava para uma organização ultraconservadora e surpreendeu-a com o seu excelente conhecimento da BND. Encantada com a ideia de participar de uma conspiração, Heidrun concordou em revelar tudo a Hans.

O serviço de contrainteligência BND levou algum tempo a descobrir a existência da toupeira da KGB. Em dezembro de 1976, agentes do BND emboscaram a casa da jovem que trabalhava para a KGB há seis anos, mesmo sem saber. Hans conseguiu escapar por uma porta dos fundos, mas Heidrun foi pres e acusada de alta traição. Foi então que ela soube que seu marido era um espião de Moscou. O choque foi tão violento para esta mulher com tendências ultraconservadoras que ela teria tentado jogar-se da janela, enquanto era interrogada pelo BND num escritório no sexto andar da sua sede em Munique. Ela escapou com algumas sequelas e viveu a partir de então com uma pensão de invalidez. O inquérito sobre Hofer foi encerrado em 1987, devido à falta de novos elementos. [49] O segundo caso de espionagem que o serviço teve de enfrentar desta vez envolveu um alto funcionário, uma vez que foi Joachim Krase, o director-adjunto do BND, que morreu em 1988. Krase era na verdade um agente duplo no pagamento da Stasi e, como escreveu um jornalista britânico, “revelou tudo sobre a permanência e a operação Gladio, levantando um segredo que os russos sabiam desde o início”. [50]

Quando a Alemanha foi reunificada, após a queda do Muro de Berlim, a Stasi foi desmantelada e a BND expandiu as suas actividades. Certos documentos, agora desclassificados, do serviço de Informações da Alemanha Oriental confirmam que este estava extremamente bem informado sobre a operação de permanência stay-behind. Durante as manobras realizadas pela OTAN em 1979, as unidades da Stasi interceptaram sinais desconhecidos e detectaram a presença de uma rede paralela. Após alguns anos de investigação, conseguiram quebrar o código utilizado pelos agentes da BND e localizar mais de 50 sítios espalhados por todo o território da Alemanha Ocidental, muitos dos quais concentrados na zona fronteiriça da RDA e da Checoslováquia.

O General Horst Männchen apresentou ao seu governo relatórios periódicos da Stasi sobre o Gládio Alemão.

Em 1984, o General Horst Männchen, director do Departamento III da Stasi e responsável pela audição de rádio, comunicou aos ministros do Governo da Alemanha Oriental muitos pormenores sobre a rede de permanência stay-behind do BND. “Ao analisar sinais secretos de rádio BND que fomos capazes de descodificar (…) conseguimos reunir dados fiáveis sobre uma categoria especial de agentes BND. “O relatório Männchen, datado de agosto de 1984, explicava que esses agentes especiais da BND, a quem a Stasi chamou de “agentes retornados” (Uberrollagenten), estavam se preparando para uma invasão dos exércitos do Pacto de Varsóvia e haviam sido treinados para realizar operações de subversão pelas costas do inimigo. Estes agentes secretos “representam um perigo real para as operações das forças do Pacto de Varsóvia”, pelo que devem ser identificados o mais rapidamente possível para serem imediatamente neutralizados “em caso de conflito militar”. [51]

Num outro relatório datado de 6 de novembro de 1984, Männchen especificou com razão que, no âmbito da BND, “estes agentes especiais são qualificados como ‘stay-behind'”, e que a sua criação parecia remontar ao programa de defesa desenvolvido pela NATO em antecipação de uma primeira ofensiva das forças do Pacto de Varsóvia. O director do Departamento III explicou que a rede também tinha mulheres nas suas fileiras e que a Stasi tinha conseguido decifrar toda uma série de sinais de rádio secretos enviados da sede da BND aos agentes stay-behind. “Estes agentes são homens e mulheres, cidadãos da RFA que vivem no território da Alemanha Ocidental, muitos deles ao longo da fronteira com a RDA e a Checoslováquia. Têm um bom conhecimento da sua área de actividade e actuam sozinhos ou em grupos de três ou quatro pessoas para realizar as missões que lhes são confiadas num raio de 40 quilómetros em torno do seu local de residência. De acordo com as informações de que dispomos, entre 16 e 20 unidades estão em contacto regular com a BND. Segundo algumas fontes do BND, o número total de agentes pode ascender a 80. “Männchen indicou, concluindo, que esses agentes especiais eram “perigosos” e que a Stasi deveria tentar identificar o maior número possível. [52]

Num relatório posterior, a Stasi concluiu que os dados recolhidos “indicavam claramente que o BND tinha dado grande importância à formação e preparação destes agentes especiais”. As radiocomunicações interceptadas pelo serviço revelaram também que a rede alemã de stay-behind beneficiou de uma coordenação muito boa e que estava em ligação com os “Serviços Secretos da NATO” na Sardenha, em Huy (na Bélgica) e em Lille e Grenoble. [53] Ao espiar as comunicações de rádio do BND, a Stasi foi informada da instalação dos novos sistemas Harpoon na Alemanha Ocidental e, em 22 de Maio de 1984, indicou que os agentes especiais estavam agora a utilizar equipamentos de comunicação mais modernos e eficientes. [54] Num relatório muito pormenorizado de 11 páginas sobre a rede stay-behind apresentado em 1955, a Stasi lamentou que este novo sistema capaz de enviar sinais de rádio em menos de três segundos tornasse mais difícil para os agentes da Alemanha Oriental localizar agentes do BND. [55]

Quando a existência da rede alemã foi revelada em 1990, a imprensa estava particularmente interessada no equipamento da organização secreta e perguntou ao governo de Bonn se havia esconderijos de armas na Alemanha. “Em apoio às unidades de resistência em território ocupado, os Serviços Secretos aliados criaram esconderijos de armas nos primeiros dias da operação de permanência stay-behind. O porta-voz do governo alemão confirmou assim as características observadas noutros países, mas, surpreendentemente, tentou enganar o público alegando que “estes esconderijos tinham sido desmantelados pelas unidades remanescentes da BND antes de 1972. As pistolas foram destruídas. Actualmente, o equipamento e a formação dos agentes de informações limitam-se estritamente às missões de recolha de informações e de evacuação. Este equipamento inclui um transmissor de rádio especial, mas em nenhum caso armas ou explosivos. » [56]

Os jornalistas alemães suspeitaram que o porta-voz do governo Lutz Stavenhagen lhes tivesse mentido, alegando que todos os esconderijos de armas tinham sido destruídos em 1972. Com efeito, na Alemanha, durante a década de 1980, tinham sido descobertos arsenais misteriosos, a mais célebre dessas descobertas, ocorrida a 26 de outubro de 1981, quando os madeireiros tropeçaram por acaso num importante esconderijo escavado no solo e que continha armas de fogo e equipamento de combate, perto da aldeia de Ulzen, na região de Luneburg. Esta descoberta surpreendente levou à prisão do guarda florestal e activista de extrema-direita Heinz Lembke. Ele então guiou os investigadores para uma vasta rede de nada menos que 33 esconderijos de armas. “Esses esconderijos foram automaticamente atribuídos ao ativista de extrema-direita Heinz Lembke”, comentou uma fonte anônima no Ministério da Defesa austríaco em 1991. “Essa explicação sedutora, no entanto, tinha uma falha. Os esconderijos continham, além de armas automáticas, equipamento de guerra química [Arsen e Zyankali] e cerca de 14.000 cartuchos, bem como 50 armas antitanque, 156 kg de explosivos, 230 detonadores e 258 granadas de mão. É incrível que um estado que tomou importantes medidas antiterroristas não tenha notado o roubo ou desvio de uma quantidade tão grande de equipamento de combate. » [57]

Em seu artigo intitulado “Os exércitos secretos da CIA na Europa”, o jornalista americano Jonathan Kwitny estava interessado no documento do Ministério da Defesa austríaco antes de concluir que ” o programa alemão de permanência stay-behind poderia ter sido o centro de um segundo escândalo, semelhante ao de 1952, mas nada foi finalmente comunicado ao público. “Os esconderijos de armas descobertos em 1981 permitiram, de facto,” remontar a um grupo de jovens paramilitares liderados pelo neonazista Heinz Lembke, que foi detido. Ele foi descrito na época como um extremista desequilibrado que treinou clandestinamente suas tropas no meio da floresta. “Kwitny notou, no entanto, que ele não foi o único a fazer a ligação entre o arsenal de Lembke e a rede de permanência stay-behind do BND, a publicação austríaca também demoliu a tese segundo a qual o guarda florestal teria sido apenas um extremista perturbado e isolado. “O chefe da publicação do Ministério da Defesa austríaco, o general reformado Franz Freistätter, afirma ter supervisionado pessoalmente a redação do artigo sugerindo que Lembke usou os esconderijos de armas para o treinamento de suas tropas neonazistas, ele também afirma que acredita nesta tese, embora seu autor desejasse permanecer anônimo. » [58]

E o artigo de Kwitny e a publicação austríaca sobre Gladio parecem indicar correctamente que os esconderijos de Armas de Lembke pertenciam à rede alemã stay-behind. Entre os documentos apreendidos em 1952, quando a organização BDJ-TD foi descoberta, havia uma directiva relativa ao Dia D, O Dia da invasão. Ela indicou que, em caso de invasão, o landes de Luneburg constituiria o ponto de encontro da permanência stay-behind do Norte da Alemanha. “Os gestores do sector foram obrigados a procurar onde os caminhões estavam estacionados em grande número. No Dia D, estes caminhões terão de ser requisitados à força, se necessário, pelos agentes que os conduzirão aos pontos de reunião especificados pelo BDJ nas cidades e aldeias”, ordenou a Directiva. “A partir daí, os caminhões transportarão os membros para o ponto de encontro no norte da Alemanha, localizado no landes de Luneburg. » [59]

Como podemos imaginar, a descoberta dos esconderijos de Armas de Lembke em outubro de 1981 causou um verdadeiro escândalo na Alemanha. Mas o caso tornou-se ainda mais explosivo quando algumas fontes sugeriram que os arsenais não tinham permanecido inutilizados enquanto se aguardava uma hipotética invasão soviética, mas que Lembke tinha efectivamente utilizado o equipamento para equipar os seus soldados de extrema-direita, que tinham, um ano antes da descoberta dos depósitos, usado armas mortais durante um atentado perpetrado em Munique em 1980. Esta teoria repleta de implicações foi apresentada pelo jornalista alemão Harbart, para quem Gladio era “uma espada nas mãos de extremistas”. Harbart explicou que”a investigação sobre o atentado de Munique levou ao guarda florestal da Baixa Saxónia Hainz Lembke”. Harbart está convencido de que o uso de bombas e a estratégia de tensão não se limitaram à Itália, mas conquistaram o coração da Alemanha. [60]

O atentado a bomba de Munique é o mais mortífero de todos os que a Alemanha conheceu desde o fim da Segunda Guerra Mundial. Na noite de 29 de setembro de 1980, às 22h20, uma bomba explodiu no coração do muito popular Festival da Cerveja. Como todos os anos, vários milhares de pessoas se reuniram para participar naquele que é para muitos o fim de semana mais bonito do ano. A explosão matou 13 pessoas e feriu 213, muitas delas gravemente. A cidade de Munique e toda a Alemanha ficaram em choque. A investigação policial estabeleceu a responsabilidade dos activistas de extrema-direita. Tornou possível rastrear grupos neonazistas, incluindo o “Wehrsportgruppe Hoffmann”. De acordo com a polícia, foi um dos seus membros, um certo Gundolf Köhler, de 21 anos, que plantou a bomba. Os peritos explicaram que o dispositivo, uma granada de mão modificada colocada num extintor de incêndio, tinha sido concebido com uma habilidade notável e chegou-se à dúvida de que Köhler poderia ter feito ele próprio uma bomba tão complexa. O homem não pôde ser interrogado, foi de facto uma das vítimas.

Ignaz Platzer, que participava no partido e perdeu os seus dois filhos na explosão, deu, em 1996, uma entrevista ao jornal alemão Suddeutsche Zeitung, durante a qual afirmou não ter sido realizada qualquer investigação sobre a rede de extrema-direita envolvida no ataque. “Há anos que Você pede a reabertura do processo. Faz issopor não acreditar que Gundolf Köhler seja o verdadeiro culpado? “- perguntou-lhe um jornalista. “Não, muitos elementos tendem a provar o contrário. Porque é que alguém que comete tal acto teria um passaporte que o torna tão fácil de identificar? Pelo menos, ele certamente não agiu sozinho”, respondeu o pai das duas vítimas. “Tenho lutado há muito tempo para descobrir quem está por trás de tudo isso. No entanto, tive de me habituar à ideia de que nunca receberei uma resposta honesta. O jornalista então lhe perguntou: “você desistiu de pedir explicações? “, ao que Platzer respondeu:”entendi que insistir só me traria problemas”. [61]

Estes problemas podem ter decorrido do facto de a investigação sobre o ataque de Munique ter traçado o rasto dos arsenais de Lembke ao exército alemão, que por sua vez envolveu a maior aliança militar do mundo, a NATO, e uma das duas superpotências da época, os Estados Unidos. Mesmo que os EUA, a NATO e a BND nada tivessem a ver com a tragédia de Munique, a descoberta de um exército secreto ligado a movimentos de extrema-direita não teria deixado de levantar questões particularmente sensíveis, incluindo a do controlo exercido pelas instituições democráticas alemãs sobre os combatentes secretos e os seus esconderijos de armas.

Apenas um dia após o ataque, a polícia criminal alemã encarregada da investigação descobriu que Lembke havia fornecido o material a um ativistas de extrema-direita. “O Sr. Lembke mostrou – nos diferentes tipos de explosivos, detonadores, pavios lentos, plásticos e explosivos militares”, admitiu Raymund Hörnle, membro do Wehrsportgruppe Hoffmann, aos agentes da polícia que o interrogaram. “Ele disse que tinha muitos esconderijos contendo esse tipo de material enterrados na floresta e que poderia nos fornecer muitos (… Lembke nos disse que estava treinando pessoas no uso de detonadores e explosivos. “[62] assim, como atestam os documentos policiais, paralelamente à instrução dos gladiadores alemães, Lembke também apoiou os terroristas de extrema-direita. “Helmuth Meyer disse – me que o Sr. Lembke poderia obter explosivos”, disse a activista Sibylle Vorderbrugge após o ataque. “Lembke nos mostrou diferentes explosivos (…) disse-nos que tinha vários esconderijos de armas na floresta. » [63]

Apesar desses testemunhos, a polícia não realizou nenhuma pesquisa para tentar descobrir os esconderijos de Armas de Lembke tanto que levou um ano para os madeireiros descobrirem um desses arsenais por acidente e sua existência não pôde mais ser negada. Mas, desta vez, os investigadores não estabeleceram a ligação entre o ataque e os esconderijos de armas remanescentes. No dia 25 de novembro de 1981, o Dr. Däubler-Gmelin, do SPD, levantou a questão perante o Parlamento Nacional, o Bundestag, dirigindo-se ao Governo da seguinte forma: “pode dizer-nos, na sequência da descoberta destes esconderijos de armas e da detenção do Sr. Lembke, se está agora prevista uma nova pista em relação ao ataque de Munique? “A questão era relevante, mas a resposta era muito menor. O Secretário de Estado von Schoeler respondeu simplesmente: “não há ligação. » [64]

Esta versão oficial pretendia silenciar qualquer ligação com a organização Gladio, uma vez que era necessário que a existência do exército de permanência stay-behind permanecesse confidencial. Também contradiz os testemunhos de activistas de extrema-direita entrevistados pela polícia. Imediatamente após a descoberta dos esconderijos de armas em 26 de outubro de 1981, a polícia alemã invadiu a casa de Lembke e apreendeu um carregador de pistola G3 e um conjunto de mechas lentas usadas na composição das bombas. Mas o próprio Lembke parecia intocável, não foi preso. Nascido em 1937 em Stralsund, no leste da Alemanha, o ativista experimentou pela primeira vez o socialismo na RDA antes de fugir para o Ocidente aos 22 anos e ganhar certa notoriedade nos círculos de extrema direita. Ele assumiu o comando do” Bund Vaterländischer Jugend “ou BVJ (a Aliança dos jovens Patriotas), onde, como ideólogo, compôs slogans como:”um alemão que pensa como judeu merece ser enforcado”. [65] Tal como o BDJ, declarado ilegal em 1952, o BVJ foi proibido em 1962. Mas Lembke não negou as suas convicções de extrema-direita. Em 1968, tentou ser eleito para o Parlamento Regional da Baixa Saxónia, sob o rótulo de NDP. Ele logo desistiu de sua carreira política para se dedicar ao ativismo e à luta contra os antifascistas alemães. Isso o levou a ser levado à justiça antes que um tribunal superior o declarasse misteriosamente “inocente”.

Apenas algumas semanas após a descoberta dos esconderijos de armas é que Lembke foi finalmente detido e encarcerado. Mas foi por uma razão completamente diferente. Foi indiciado por se recusar a depor no julgamento em que comparecia o seu amigo e colega, o dirigente de extrema-direita Manfred R, do movimento terrorista “Deutsche Aktionsgruppen”. Na prisão, Lembke inverteu subitamente a sua decisão e declarou-se pronto a depor sobre os depósitos de armas e tudo o que sabia. Lembke esclareceu que só queria falar com o procurador que o tinha interrogado sem sucesso no contexto do processo Röder. Esta condição foi aceite e o procurador visitou imediatamente Lembke na sua cela. Ele finalmente confessou e revelou a localização exata dos 33 esconderijos de armas, apenas alguns dos quais haviam sido descobertos. Lembke confidenciou ao seu interlocutor que confessaria no dia seguinte Quem deveria usar as armas e explosivos. No dia seguinte, em 1 de novembro de 1981, Lembke foi descoberto enforcado por meio de uma corda pendurada no teto de sua cela. [66]

A polícia local da Baixa Saxónia foi então alienada do processo Lembke em favor das autoridades nacionais de Bonn. Esta manobra judicial foi descrita como um” truque policial ” [67] pelo Ministro do Interior da Baixa Saxónia, Möcklinghoff. Um ano depois, em 3 de dezembro de 1982, Bonn decidiu encerrar a investigação sem ter conseguido estabelecer ligações entre os arsenais secretos e o ataque de Munique, declarando que o caso Lembke era um “assunto privado”. Em seu relatório final, os investigadores concluíram que “não há provas suficientes para deduzir que Lembke pretendia perturbar a ordem constitucional da República alemã por meio de ataques ou assassinatos”. O texto final apenas reconheceu que Lembke provavelmente vivia com medo de uma invasão soviética contra a qual pretendia travar uma “guerra partidária” e concluiu que “o equipamento de combate foi recolhido e enterrado por ele ao longo dos anos, a fim de realizar operações de resistência no caso de uma invasão que ele temia”. [68]

Para surpresa de todos, o Tribunal conclui finalmente “que as actividades de Lembke não representavam um perigo tão grande como se temia inicialmente. Na verdade, os seus esforços não foram dirigidos contra a actual ordem do país. “Ao mesmo tempo, o tribunal parece ter tomado conhecimento da estratégia dos bastidores, na verdade declarou que Lembke havia realizado uma operação “Werwolf”. Este termo referia-se às redes de bastidores que os Nazis tinham deixado para trás em muitos países no final da Segunda Guerra Mundial. Essas redes também tinham seus próprios esconderijos secretos de armas. Criatura do folclore Germânico, o Werwolf, ou lobisomem, refere-se a um ser humano que de repente se transforma em um lobo sanguinário que ataca e mata pessoas até o amanhecer. O tribunal descobriu que “o guarda florestal também havia empreendido os preparativos para o evento em que os comunistas chegassem ao poder, para que o” Werwolf”pudesse então acordar”. [69] Tendo morrido na prisão, Lembke não pôde comentar estas conclusões. Muitos dos seus camaradas de extrema-direita foram condenados a pagar pequenas multas. De todas as armas descobertas nos arsenais subterrâneos, foi possível determinar a origem de apenas três. Vieram de uma empresa privada que fornecia o exército alemão e a NATO.

O deputado verde Manfred Such

Devido às ligações com a extrema-direita e às supostas implicações no ataque de Munique, a Alemanha teve muita dificuldade em conduzir a investigação e lançar luz sobre a sua história passada. Em 5 de novembro de 1990, o deputado Manfred Tal dos Verdes apresentou um pedido oficial ao governo de Helmut Kohl relativo à suspeita de existência de estruturas do tipo Gladio na Alemanha. O porta-voz do governo alemão Hans Klein causou o espanto e a ira dos parlamentares e jornalistas ao declarar que “o Gladio alemão não era, como poderíamos dizer, um comando secreto ou uma unidade guerrilheira” e acrescentando que não podia entrar em pormenores por razões de confidencialidade. [70] A declaração de Klein provocou uma onda de protestos nas fileiras dos social-democratas e dos verdes da oposição. O deputado Hermann Scheer, especialista em defesa do SPD, equiparou a misteriosa rede de extrema-direita como uma espécie de “Ku-Klux-Klan”, mais dedicada a realizar acções antidemocráticas em tempo de paz, do que a servir em caso de invasão soviética. A fim de esclarecer todos os factos, Scheer solicitou a abertura imediata pelo Procurador-Geral de uma investigação judicial exaustiva ao mais alto nível da hierarquia do exército sombra da NATO, porque “a existência de uma organização militar armada e secreta que actue para além de qualquer controlo governamental ou parlamentar é totalmente contrária à Lei fundamental e está, como tal, sujeita à justiça criminal”. [71] Scheer insistiu na urgência de levar a cabo uma investigação “antes de podermos fazer desaparecer as provas” [72]

As vozes que se levantaram no SPD para exigir a abertura de uma investigação aprofundada sobre Gladio foram logo silenciadas quando foi revelado que seus ministros também haviam participado da conspiração. À medida que as eleições se aproximavam, os social-democratas temiam o resultado de possíveis investigações e apenas o Partido Verde, fundado em 1980, persistiu em pedir esclarecimentos, uma vez que, nunca tendo assumido responsabilidades governamentais, não estava de modo algum comprometido no caso. O pedido dos verdes para ver a questão da permanência e possíveis ligações com o terrorismo discutidas no Parlamento foi rejeitado pela Aliança CDU/CSU-FDP-SPD, que temia um escândalo em grande escala e decidiu em 22 de novembro de 1990 que o assunto seria tratado a portas fechadas pelo PKK (Parlamentarische Kontrollkommission), a Comissão de controlo parlamentar mantida incomunicável. Foi, pois, neste contexto que Volker Förtsch, o último director do BND, informou os deputados de que as unidades secretas seriam desmanteladas. O Partido Verde, que não tinha assento nesta importante Comissão responsável pelo acompanhamento das acções do BND, atacou o PKK declarando que era sabido que “cobria com mais frequência do que esclarecia”. [73] quando os jornalistas tentaram obter mais informações de Eberhard Blum, Assistente de Gehlen e director do BND entre 1983 e 1985, respondeu: “Gladio? Nunca houve nada assim na Alemanha. » [74]

Recusando-se a admitir a derrota, os verdes apresentaram uma nova petição em 29 de novembro. “No final de outubro, o actual primeiro-ministro italiano Giulio Andreotti confirmou num relatório dirigido ao Parlamento a existência dentro da NATO de um serviço confidencial, codinome Gladio”, iniciou assim o pedido que continha também a seguinte pergunta: “tem uma organização supranacional tão secreta ligada à NATO operado na Alemanha? “O Dr. Lutz Stavenhaguen, membro do governo Kohl responsável pelo serviço de inteligência do BND, respondeu à pergunta com um breve e categórico “não”. Os verdes também queriam saber: “qual é a natureza e o conteúdo exactos dos acordos celebrados pelo governo alemão aquando da adesão à NATO, ou posteriormente, e que autorizam as acções dessas organizações? Stavenhaguen persistiu em negar:”o governo alemão não concluiu tal acordo”. Os deputados perguntaram-lhe então: “qual é a natureza exacta das relações que a NATO manteve ou mantém com este serviço secreto que operou na Alemanha e/ou noutros países DA NATO? “, ao que Stavenhaguen respondeu:”devido à resposta dada à primeira pergunta, esta é inútil”. Os verdes finalmente perguntaram: “o governo estará disposto a informar esta câmara em pormenor por sua própria iniciativa, assim que tiver informações relevantes?. E se ele não é, por que então? “Só será possível responder a esta pergunta quando estes documentos estiverem disponíveis. A resposta depende, de facto, das condições em que esses documentos serão obtidos.” [75]

Os deputados verdes estavam furiosos, mas impotentes. O governo do Chanceler Democrata-Cristão Helmut Kohl, no cargo desde 1982, preferiu responder com uma série de mentiras em vez de comprometer as suas hipóteses nas primeiras eleições nacionais na Alemanha reunificada, que se realizaram em 2 de dezembro de 1990 e viram a vitória de Kohl. Após o que, na segunda-feira, 3 de dezembro de 1990, Lutz Stavenhaguen apressou-se a enviar a todos os meios de comunicação um fax de quatro páginas intitulado: “relatório do Governo sobre a organização de permanência da BND”, no qual, contrariamente às suas declarações anteriores, confirmou que existia na Alemanha uma rede secreta de permanência stay-behind ligada à NATO: “As unidades formadas em território alemão até 1955 pelos Serviços Secretos aliados para recolher informações e organizar operações são controladas pela BND desde 1956”. O governo também confirmou que o exército secreto ainda estava ativo, especificando que, em 22 de novembro, o Comitê de controle parlamentar havia sido informado de detalhes importantes. “Atualmente, 104 pessoas estão colaborando com o BND como parte da operação de permanência”. O relatório concluiu: “dada a evolução da situação política global, o BND começou no verão de 1990 a considerar o desmantelamento da organização stay-behind. Com base em acordos celebrados com os parceiros aliados, este desmantelamento será realizado por volta de abril de 1991” [76]

Enquanto o BND garantiu ao público que o exército secreto havia sido dissolvido e os arsenais clandestinos do país desativados, o assunto ressurgiu em 17 de agosto de 1995. Naquele dia, Peter Naumann, um neonazista de 43 anos, especialista em química e explosivos, levou, sob o olhar das câmaras, os polícias atordoados à localização de nada menos que 13 esconderijos que, segundo ele, tinha instalado na Baixa Saxónia e em Hesse nos últimos 17 anos. Estes depósitos continham armas, munições e cerca de 200 kg de explosivos. Naumann confessou à polícia que era amigo de Lembke e que a maioria dessas armas e explosivos provinham das reservas deste último. [77]

É surpreendente notar que, apesar da presença comprovada de terroristas neonazistas nas suas fileiras e do seu suposto envolvimento em ataques terroristas de extrema direita, o exército secreto alemão não foi objecto de qualquer investigação parlamentar, excepto por um relatório oficial bastante pormenorizado, é verdade. “No que diz respeito à transparência Democrática, a Alemanha ocupa o último lugar entre os países europeus”, analisou o jornalista investigativo Leo Müller em um breve trabalho publicado nos primeiros dias do escândalo Gladio. [78] Outros jornalistas investigaram o caso na Alemanha, como Ulrich Stoll, repórter da ZDF, este está longe de ser classificado. Quando teve acesso a relatórios desclassificados da Stasi no final de 2002, Stoll declarou: “a investigação sobre Gladio pode ser retomada”. [79]

Daniele Ganser

Cet article constitue le quinzième chapitre des Armées secrètes de l’OTAN
© Version française : éditions Demi-lune (2007).

Este artigo constitui o décimo quinto capítulo dos Exércitos secretos da NATO

© Version française : éditions Demi-lune (2007)

REFERÊNCIAS:

[1] En ce qui concerne le débat sur les véritables auteurs de l’incendie du Reichstag, consulter Alexander Bahar et Wilfried Kugel, Der Reichstagsbrand. Wie Geschichte gemacht wird (Quintessenz Verlag, Berlin, 2000).

[2Bericht der Bundesregierung über die Stay-Behind Organisation des Bundesnachrich tendienstes. Un document de quatre pages rédigé par Lutz Stavenhagen à Bonn le 3 décembre 1990. Il y est fait référence ci-après sous le nom de Rapport allemand de 1990 sur le stay-behind.

[3] Périodique français Intelligence Newsletter du 19 décembre 1990.

[4] Périodique britannique Searchlight de janvier 1991.

[5] Après avoir été extradé de Bolivie (en 1983), Barbie fut jugé à Lyon, en 1987, et condamné à la prison à vie pour crimes contre l’humanité. Il est mort en prison 4 ans plus tard des suites d’un cancer. (Note de l’éditeur)

[6] Christopher Simpson, Blowback : America’s Recruitment of Nazis and Its Effects on the Cold War (Weidenfeld et Nicolson, Londres, 1988), Prologue. Il convient de remarquer que la presse états-unienne s’aligna sur la stratégie de dissimulation du ministère de la Justice et rendit compte du phénomène comme d’une exception. United Press International titra par exemple le lendemain : ‘Barbie, l’exception pas la règle’ Et la chaîne ABC invita dans son édition du soir Allan Ryan, qui expliqua que les États-Unis avaient “ recruté Barbie en toute bonne foi, sans se douter du rôle qu’il avait joué en France … [et que] son cas n’était en rien significatif “ Répondant aux questions des journalistes, Ryan poursuivit sur le même thème en indiquant qu’il était “hautement improbable que d’autres dignitaires nazis aient bénéficié de la même confiance que Barbie … et que l’affaire [était] donc close“. (ibid.).

[7] Simpson, Blowback, p.44.

[8Ibid., p.42.

[9Ibid., p.40.

[10] Allan Francovich, Gladio : The Ringmasters. Premier des trois documentaires de Francovich consacrés au Gladio, diffusé le 10 juin 1992 sur BBC2.

[11Ibid.

[12] Périodique britannique Searchlight de janvier 1991.

[13Ibid.

[14] Leo Müller, Gladio. Das Erbe des Kalten Krieges. Der NATO Geheimbund und sein deutscher Vorläufer (Rowohlt, Hambourg, 1991), p.72. Le journaliste allemand Leo Müller a sûrement fourni la meilleure description des événements de 1952 en Allemagne dans ce livre paru dans les premiers temps de l’affaire Gladio. L’extrait du témoignage de Hans Otto figure dans le rapport BDJ-TD que le gouvernement local de Hesse a rendu public suite au scandale.

[15] Dieter von Glahn, Patriot und Partisan für Freiheit und Einheit (Grabert, Tübingen, 1994), p.58.

[16] D’autres camps militaires comme le centre d’entraînement des unités parachutistes situé près d’Altenstadt, en Bavière, furent utilisés pour l’entraînement des unités stay-behind allemandes. Voir Erich Schmidt Eenboom, Die ‘Graue’ und die ‘Rote’ Hand. Geheimdienste in Altenstadt, années 1990. Non publié.

[17] Müller : Gladio, p.123.

[18Ibid., p.124, citant le rapport BDJ-TD.

[19Ibid., citant le rapport BDJ-TD.

[20Ibid., p.130, citant le rapport BDJ-TD.

[21Ibid., p.128, citant le rapport BDJ-TD.

[22Ibid., p.129 et 130, citant le rapport BDJ-TD.

[23Ibid., p.133.

[24] Simpson, Blowback, p.181. Et Jens Mecklenburg (ed.), Gladio : Die geheime Terrororganisation der Nato (Elefanten Press, Berlin, 1997), p.74. Mecklenburg fut l’un des premiers à prendre conscience, après 1995, des implications considérables du phénomène Gladio et à publier des essais sur le sujet en Europe.

[25] Müller : Gladio, p.94, citant le rapport du BDJ-TD.

[26Ibid., p.107, citant le rapport du BDJ-TD.

[27Ibid., p.136 et 143.

[28] William Blum, Killing Hope. US Military and CIA interventions since World War II (Common Courage Press, Maine, 1995), p.64 dans son enquête approfondie sur la CIA, Blum remarque avec justesse que “cette opération en Allemagne … s’insrivait dans le cadre d’un réseau bien plus vaste, nom de code ‘Opération Gladio’, créé par la CIA et d’autres services de renseignement européens et comptant des armées secrètes dans toute l’Europe de l’Ouest “.

[29] Discours de Zinn devant le Landtag (Parlement régional) de Hesse le 8 octobre 1952. Retranscrit dans Müller, Gladio, p.146–152.

[30] Cité dans Glahn, Patriot, p.67. L’agent du TD Glahn a jugé cette déclaration de l’États-unien «  insultante à l’égard du TD ».

[31] Intitulé Der Technische Dienst des Bundes Deutscher Jugend (Le TD du BDJ), le rapport d’enquête présenté en 1953 par le ministre de l’Intérieur de Hesse se composait de trois volumes : un long développement de 121 pages (le premier volume), et deux appendices, l’une de 200 et l’autre de 300 pages contenant des copies de lettres, de registres, de rapports et de décisions (volumes 2 et 3). Sans dénigrer les travaux effectués en Belgique, en Suisse et en Italie, on peut considérer que le Rapport sur le BDJ-TD est peut-être la seule enquête satisfaisante menée suite à la découverte d’un réseau stay-behind Gladio.

[32] Allan Francovich, Gladio : The Ringmasters. Premier des trois documentaires de Francovich consacrés au Gladio, diffusé le 10 juin 1992 sur BBC2.

[33] Magazine politique autrichien Zoom, n°4/5, 1996 : Es muss nicht immer Gladio sein. Attentate, Waffenlager, Erinnerungslücken, p.97. Et Klaus Harbart : « Gladio – ein Schwert in rechter Hand », Dans Der Rechte Rand, n°10, janvier 1991, p.4.

[34] Glahn : Patriot, p.41–42.

[35Ibid., p.43–47.

[36] Simpson, Blowback, p.260.

[37] Aucun auteur spécifié, « Schnüffler ohne Nase. Die Pannen und Pleiten des Bundesnachrichtendienstes in Pullach » dans l’hebdomadaire d’informations allemand Der Spiegel, n°17, 1995.

[38] Rapport allemand de 1990 sur le stay-behind.

[39] Müller, Gladio, p.109.

[40] Glahn, Patriot, p.48.

[41Ibid., p.74.

[42] Rapport allemand de 1990 sur le stay-behind.

[43Ibid.

[44Ibid.

[45Ibid.

[46] Mecklenbrug, Gladio, p.64.

[47] Périodique britannique The Economist du 27 octobre 1990.

[48] Aucun auteur spécifié « Schnüffler ohne Nase. Die Pannen und Pleiten des Bundesnachrichtendienstes in Pullach » dans l’hebdomadaire d’informations allemand Der Spiegel, n°17, 1995.

[49] Müller, Gladio, p.20. Et Erich Schmidt Eenboom, Schnüffler ohne Nase. Der BND. Die unheimliche Macht im Staate (Econ Verlag, Düsseldorf, 1993), p.376.

[50] Quotidien britannique The Observer du 6 décembre 1990.

[51] MfS Hauptabteilung III. Report of General Major Männchen to Genosse Generalleutnant Neiber, Berlin, 3 août 1984. Déclassifié.

[52] MfS Hauptabteilung III. Report of General Major Männchen to Genosse Generalleutnant Neiber, Berlin, 6 novembre 1984. Déclassifié.

[53] MfS Streng Vertraulich. Information G/02069/13/02/84. Relevante Funkverbindungen von Sonderagenten und der Partnerdienste des BND sowie der NATO Geheimdienste. Déclassifié.

[54] MfS Hauptabteilung III. Schnellautomatische Funksendungen im Funknetz der Ueberrollagenten des BND mit einer neuen Uebertragungsapparatur. Berlin, 22 mai 1984. Déclassifié.

[55] MfS Hauptabteilung III. Gegenwärtiger Stand bei der Bearbeitung des Funkverbindungssystems des BND zu Ueberrollagenten. Berlin, 5 juillet 1985. Declassified.

[56] Rapport allemand de 1990 sur le stay-behind.

[57] Anonyme. Périodique autrichien Oesterreichische Militärische Zeitschrift, n°2, 1991, p.123.

[58] Jonathan Kwitny, « The CIA’s Secret Armies in Europe » dans The Nationdu 6 avril 1992, p.446.

[59] Mecklenburg, Gladio, p.78.

[60] Klaus Harbart, « Gladio – ein Schwert in rechter Hand » dans Der Rechte Rand, n°10, janvier 1991, p.5.

[61] Quotidien allemand Süddeutsche Zeitung du 27 septembre 1996.

[62] Mecklenburg, Gladio, p 82.

[63Ibid.

[64] Transcription des séances du Parlement allemand. Deutscher Bundestag.

[65] Extrait de Mecklenburg : Gladio, p.79.

[66] Klaus Harbart, « Gladio – ein Schwert in rechter Hand » dans Der Rechte Rand, n°10, janvier 1991, p.5.

[67Ibid.

[68Ibid., p.6.

[69] Mecklenburg, Gladio, p.83.

[70Presse- und Informationsamt der Bundesregierung. Pressemitteilung N°455/90, de Hans Klein, 14 novembre 1990. Voir aussi Müller, Gladio, p.30.

[71] Extrait de Müller, Gladio, p.14.

[72] Aucun auteur spécifié, « Das blutige Schwert der CIA. Nachrichten aus dem Kalten Krieg : In ganz Europa gibt es geheime NATO Kommandos, die dem Feind aus dem Osten widerstehen sollen. Kanzler, Verteidigungsminister und Bundeswehrgenerale wussten angeblich von nichts. Die Spuren führen nach Pullach, zur ‘stay-behind organisation’ des Bundesnachrichtendienstes » dans l’hebdomadaire d’informations allemandDer Spiegel du 19 novembre 1990.

[73Ibid.

[74] Mecklenburg, Gladio, p.48.

[75] « Kleine Anfrage der Abgeordneten Such, Frau Birthler, Hoss, Frau Dr Vollmer und der Fraktion DIE GRUENEN. Tätigkeit eines NATO-Geheimdienstes auch in der Bundesrepublik Deutschland ? » Drucksache 11/8452. Inklusive Antworten von Dr Lutz G. Stavenhagen, MdB, Staatsminister beim Bundeskanzler, Beauftragter für die Nachrichtendienste. Bonn, 30 novembre 1990.

[76] Rapport allemand de 1990 sur le stay-behind.

[77] Magazine politique autrichien Zoom, n°4/5, 1996 : « Es muss nicht immer Gladio sein. Attentate, Waffenlager, Erinnerungslücken », p.110. Et Reuters, 17 août 1995.

[78] Müller, Gladio, p.19.

[79] Ulrich Stoll, Gladio : Späte Spuren einer NATO-Geheimarmee dans Thomas Leif (ed.), Mehr Leidenschaft Recherche. Skandal-geschictehn und Enthüllungsberichte. Ein Handbuch zur Recherche und Informationsbeschaffung (Westdeutscher Verlag, Wiesbaden, 2003), p.184.

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ARTIGOS POLITICOS

Che Guevara, médico, escritor, marxista revolucionário entre muitas outras coisas, Che Guevara – Ministro da Indústria – CUBA.

Klaus Barbie (1913-1991). Depois de ter desempenhado um papel importante no assalto ao gueto de Amesterdão, torna-se chefe da Gestapo em Lyon, onde luta contra a resistência e consegue prender e torturar Jean Moulin. Depois da guerra, ele é procurado pelas Nações Unidas, mas é secretamente alistado pela CIA para criar o Gladio Alemão. Interrogado na Alemanha, foi transferido para a Bolívia em 1951. Ele rapidamente se torna o chefe dos serviços de inteligência bolivianos e o homem forte do país, onde prende e executa Che Guevara.

[KLAUS BARBIE, CONHECIDO COMO O AÇOUGUEIRO DE LYON – GESTAPO]

OBS! KLAUS BARBIEGESTAPO IN LYON – WW II – WALKS IN BOLIVIA 1951 QUICKLY BECOMING THE HEAD OF THE BOLIVIAN INTELLIGENCE SERVICES AND THE STRONGMAN OF THE COUNTRY – WHERE HE ARRESTS AND EXECUTES CHE GUEVARA, IN BOLIVIA 1967.

Daniele Ganser

La guerre secrète en Allemagne*

Par Dr. Daniele Ganser

Mondialisation.ca, 14 août 2013

Réseau Voltaire 9 août 2013

* Cet article constitue le quinzième chapitre des Armées secrètes de l’OTAN
© Version française : éditions Demi-lune (2007).

1. « Quand le juge Felice Casson a dévoilé le Gladio… »
2. « Quand le Gladio fut découvert dans les États européens… »
3. « Gladio : Pourquoi l’OTAN, la CIA et le MI6 continuent de nier »
4. « Les égouts de Sa Majesté »
5. « La guerre secrète, activité centrale de la politique étrangère de Washington »
6. « La guerre secrète en Italie »
7. « La guerre secrète en France »
8. « La guerre secrète en Espagne »
9. « La guerre secrète au Portugal »
10. « La guerre secrète en Belgique »
11. « La guerre secrète aux Pays-Bas »
12. « La guerre secrète au Luxembourg »
13. « La guerre secrète au Danemark »
14. « La guerre secrète en Norvège »

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